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IKO LE MENTEUR

SCÈNE V

DORANTE, Sabine, cliton.

DORANTE.

Qu'as-tu fait de ma lettre ? En de si belles mains as-tu su la remettre?

SABINE.

Oui, monsieur; mais...

DORANTE.

Quoi, mais?

SABINE. •

Elle a tout déchiré.

DORANTE.

Sans lire?

SABINE.

Sans rien lire.

DORANTE.

Et tu l'as enduré?

SABINE.

Ah! si vous aviez vu comme elle m'a grondée! 1645

Elle me va chasser, l'affaire en est vidée.

DORANTE.

Elle s'apaisera ; mais, pour t'en consoler, Tends la main.

SABINE.

Hé! monsieur!

DORANTE.

Ose encor lui parler : Je ne perds pas sitôt toutes mes espérances.

CLITON.

Voyez la bonne pièce avec ses révérences! 1650

��1642. « Cette scène participe de cette froideur causée par l'indifférence de Dorante. Il demande avco empressement comment on a reçu la lettre écrite à une personne qu'il n'aime guère, et qu'il appelle ce cher objet. » (Voltaire.)

1046. L'affaire en est vidée, la chose est arrêtée, conclue; voyez le vers 1140 et la note. !\I. Godefroy juge cette expression impropre ici.

ICoO. Pince, qui signifie, au propre, morceau, se dit figurémenl des choses, dans le sens de tromperie (on en a vu plusieurs exemples) et des personnes, dans un sens analogue à celui d'hypocrite : « Taisez-vous, bonne pièce: vous faites la sournoise, mais je vous connais. » (Georges Dandin, I, vi.) Sans adjec- tif, pièce reprend son sens primitif de morceau, ol)jet :

Apprend? aissi de moi que ta raison s'égare,

Qae Mélite est pas une pièce si rare. (.Melite, VU.)

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