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144 LE MENTEUR

Esl-il vice plus bas, est-L tache plus noire,

Plus indigne d'un homme élevé pour la gloire.-

Est-il quelque faiblesse, esl-il quelque action

Dont un cœur vraiment noble ait plus d'aversion

Puisqu'un seul démenti lui porte une infamie 1523

Qu'il ne peut effacer s'il n'expose sa vie,

Et si dedans le sang il ne lave l'affront

Qu'un si honteux outrage imprime sur son front.

DOR.\.KTE.

Qui VOUS dit que je mens ?

GÉRONTE.

Qui me le dit, infâme? Dis-moi, si tu le peux, dis le nom de ta femme. 1530

■Le conte qu'hier au soir tu m'en fis publier...

CLITON, bas à Dorante. Dites que le sommeil vous l'a fait oublier.

GÉRONTE.

Ajoute, ajoute encore avec effronterie

Le nom de ton beau-père et de sa seigneurie :

��lieu commun souvent traité par les poètes, surtout par les poètes satiriques. Db retrouverait plus d'un trait de cette scène chez Horace. Juvénal et Boileau :

Persuades hoc tibi vers Multos ssepe viros, nuUis majorilni? ortos,

El vixisse probos, amplis et honoi ibns anHos. (Horace, Satire, I, vi) Steramata qnid faiiuiit? Quid prodest. Pontice, longo Ordine eenseri. pVtosiine oftondei'e vultus Majoram, et slantes in eariibus .Emilianos Si coram patribus maie vivitur?... Tota licet veleres exornent undiiiue esrse Atria, nobilitas sola est atque unica rirtns. ... Quis enim geneiosum di-xerit hune, qui Indignus génère est, prœelaro nomine tantum Insignis?...

Ineipit ipsorum contra te stare parentam Nobilitas, elaramque facem piœferre pndendis. (Javéaal, Satires, VIII.)

On ne m'éblouit point d'une anparenne vaine :

La vertu d'on cœur noble est la marque certaine...

Mais fnssiez-vous issn d'Hercule en droite ligne,

Si vous ne faites voir qu'une bassesse indigne.

Ce long amas d'aïeux que vous diffamez tous

Sont autant de témoins qui parlent contre vous,

Et tout ce grand éidat de leur gloire ternie

Ne sert pins que de Jour à votre ignominie.

En vain, tout fier d'un sang que vous déshonorez,

Vous dormez à l'abri de ces r.oms révérés.

En vain vous vous couvrez des vertus de vos pères,

Ce ne sont à mes yeux que de vaines chimères;

Je ne vois rien en' vous qu'un lâche, un imposteur.

Un Iraitre. un scélérat, un perfide, un menteur.

Un Ion dont les accès vont jusqu'à la furie.

El d'un tronc fort illustre uno;braneho pourrie. (Roileau, Satiret, VJ

IStS. Ces vers rappellent le vers fameux du Cid :

Ca n'est que dans le sang iju'oa lave un tel outrage. (274.)

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