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ACTE V, SCÈNE H I4i

PHILISTE,

Qui vous l'a dit?

GÉRONTE.

Lui-même.

PHILISTE.

Ah ! puisqu'il vous l'a dit, Il vous fera du reste un fidèle récit ; Il en sait, mieux que moi, toutes les circonstances : Non qu'il vous faille en prendre aucunes défiances ; Mais il a le talent de bien imaginer, 1475

Et moi, je n'eus jamais celui de deviner.

GÉRONTE.

Vous me feriez par là soupçonner son histoire.

PHILISTE.

Non, sa parole est sûre, et vous pouvez l'en croire;

Mais il nous servit hier d'une collation

Qui partait d'un esprit de grande invention; 1480

Et, si ce mariage est de même méthode,

La pièce est fort complète et des plus à la mode.

GÉRONTE.

Prenez-vous du plaisir à me mettre en courroux ?

PHILISTE.

Ma foi, vous en tenez aussi bien comme nous ;

Et, pour vous en parler avec plus de franchise, 1485

Si vous n'avez jamais pour bru que cette Orphise,

Vos chers collatéraux s'en trouveront fort bien.

Vous m'entendez : adieu ; je ne vous dis plus rien.

SCÈNE IL GÉRONTE. vieillesse facile ! 6 jeunesse impudente !

1474. Corneille et les meilleurs auteurs mettent souvent au pluriel aucun même avec la négation. Mais ici aucunes défiances équivaut à quelques défiancest Voyez la note du v. 654, sur le sens i.ullement négatif à l'origine d'aucun. Quan. au pluriel des noms abstraits, employé là où nous mettrions aujourd'hui le sin- gulier, rien de plus fréquent chez Corneille.

1479. Servir de ; %oyez la note du vers 363.

1482. Sur le sens du mot pièce, voyez la note du vers 881.

14S4. Voyez les notes des vers 687'et 1340.

1489. Ce monologue est d'un ton vraiinent tragique ; Géronte y fait songer à don Diègue. Mais on n'en est point choqué: dupé, bafoué par son fils et parles amis de son fils, le père se redresse et parle sans elïort le langage de l'indigna- tion éloquente. Dans la troisième journée de la Verdad sospechosa, on lit un monologue semblable :

Yahjame Dios ! Es posiOle, etc.

(«e monologue esp.ignoi n'en reste pas moins infé^-'eur à celui d« Corneille,

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