Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/324

Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE CINQUIEME

��SCENE T. GÉRONTE, PIIIIJSTE.

��GERONTE.

Je ne pouvais avoir rencontre plus heureuse Pour satisfaire ici mon humeur curieuse. Vous avez feuilleté le Digeste à Poitiers,

1441. Var. Argante. — La suita d'un procès est nn fteheiix martyre. Gérante. — Vu ce que je vous suis, tous n'aviez ija'à m'éorira Et demeurer ■ hez vous en repos ù Poit.ieis. J'aurais sillioilé pour vous en l'es qu.iitiers. Lo voyage est trop long. et. dans Tige où vous êtes, La santé s'intéresse aux efforts «(ue vous faites. Mais, puisque vous voici, je vous veux faire voir Et si j ai des amis et si j'ai du pouvoir. Faites-moi la faveur l'ipcmlant de m'apiirendre Quelle est et la famille et le bien de PyranJre. Argantc. — Quel est-il, ce Pyrandre ?'

Gcrontc. Tn de vos citoyens. — (IG't't-lCnS

Quel est cet Argante, interlocuteur de Géronte ? L;t liste des acteurs lui donne le titre d» "•sntillionime de Poitiers, ami de Géronte. « Voici, dit Voltaire, un nionsieui Argante dont le spectateur n'a point encore entendu parler, qui arrive sous prétexte de solliciter un procès, mais efl'ectivement pour détromper Géronte et lui ouvrir les yeux sur toutes les faussetés que lui a débitées son fils. Peut-être désircrait-on qu'il fut annoncé dès le premier acte ; c'est du moins une des règles de l'art. On doit rarement introduire au dénouement un person- nage qui ne soit à la fois annoncé et attendu. » C'est précisément pour ces motifs que Corneille, dont Voltaire suit le texte primitif, s'est déterminé à refondre cette scène entière: « Le plaideur de Poitiers, dans le Monteur, avait le même défaut (le défaut de n'être pas connu dès le premier acte) ; mais j'ai trouvé le moyen d'y remédier en cette édition, où le dénouement se trouve préparé par Philiste et non par lui. » Reste à savoir si cette substitution même est î)ien heureuse ; il y a quelque chose de cruel dans la froide ironie avec laquelle Philiste désabuse Géronte; on dirait qu'il prend plaisir à lui bien faire sentir à quel point il est dupe. Ajoutons que le personnage de Philiste est assez pou intéressant. Dans l'espagnol, qu'analyse de très près M. Viguier, un jeu de scène ingénieux amène d'un côté de la Scène le vieux don Beltran s'entretenant avec don Juan de Snsa (Alcippe); de l'autre, Garcia et Tristan. Les deux groupes se rejoignent, et le pèie détrompé accable son fds de sa colère éloquente. Mais tout n'est pas :■. Louei fhez Alarcon, quoi qu'en dise M. Viguier, et Corneille va bientôt reprendre l'iuan- tat.'e : car c'est la seconde fois que don Beltran aura l'occasion de réprimander son fils, tandis que Corneille a réservé pour le cinquièiie acte son unique coup de théâtre dont l'effet sera d'autant plus saisissant

�� �