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Lucrèce, à Clarice. Allons. à Sabine. Si tu le vois, agis comme tu sais.


Sabine

Ce n’est pas sur ce coup que je fais mes essais : Je connais à tous deux où tient la maladie, Et le mal sera grand si je n’y remédie. Mais sachez qu’il est homme à prendre sur le vert.


Lucrèce

Je te croirai.


Sabine

Mettons cette pluie à couvert.

mots d'église, prêtre, etc., et c'est ainsi qu'on voit chez Rotrou et chez d'autres les « grands-prètres » ou mêmes les « druides » tenir la place des ministres du culte. Pourtant, il est exagéré de prétendre, avec Génin, qu'en se servant du mot propre, les écrivains du xvii" siècle eussent cru commettre une profanation. M. Marty-Laveaux cite l'exemple de Molière, qui, dans le Tartufa même (I, v, II, II) emploie le mot d'éylise. — « Voilà, dit Voltaire, une manière bien froide et bien maladroite de finir un acte. Il est temps d'aller à l'église parce que nous n'avons plus rien à dire. » Chez Corneille, il est vrai, l'on n'attend guère cette pieuse conclusion d'un débat tout profane. Elle est moins imprévue dans l'espa- gnol, où, comme nous l'avons vu, tout se passe dans le cloître de la Magdalena précisément à l'heure où sonne l'office.

1430. « Tu sais ne rime p:is avec essais; c'est ce qu'on appelle des rimes pro- vinciales. La rime est uniquement pour l'oreille. On prononce tu sais comme s'il y avait tu ses, et essais est lon^ç et ouvert. » (Voltaire.) On peut croire avec M. Marty-Laveaux que Corneille obéissait aux habitudes de la prononciation normande lorsqu'il se permettait ces rimes. — Faire ses essais, faire ses preuves.

i439. u On appelait alors le vert le gazon du rempart sur lequel on se promenait, et de là vient le mot boulevert, vert à jouer à la boule, qu'on prononce aujour- d'hui houleoart. Le nom de vert se donnait aussi au marché aux herbes. > (Vol- taire.) L'étymologie du mot 6o!<?ei'arf ou boulevard est bolltvcrk, mot allemand qui signiQe fortification. Comme le remarque Aimé Martin, c'est bowling-green, qui veut dire gazon pour jouer à la boule, boulingrin. Mais, quoi qu'il en soit, nous avouons ne pas comprendre de quel intérêt peu^ être ici cette étymologie. On lit dans le Z'iciîonnaire de Richelet: « Ceux qui ont été pris sur le vert, c est-à-dir8 ont été pris et sont morts qu'ils étaient encore fort jeunes. » Ainsi, dit M. Marty- Laveaux, prendre quelqu'un sur le vert, ce serait s'emparer de lui avant que ses goiîts, que ses idées changent. 11 est vrai que le même critique, tout en jugeant cette explication raisonnable, ne se l'approprie pas, et n'en propose aucune autre. Au contraire, M. Littré, qui cite cet exemple unique, traduit prendra sur le vert par : prendre même ce qui n'est pas mûr, n'être pas timide. Mais la réponse de Lucrèce : Je te croirai (c'est-à-dire : je le prendrai sur le vert), sembla devoir faire préférer la première explication.

1440. Sur ce mot de pluie, voyez la note du vers 1287.

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