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Clarice, bas, à Lucrèce.
Il fait pièce nouvelle, écoutons.


Dorante

Cette adresse
À conservé mon âme à la belle Lucrèce,
Et par ce mariage, au besoin inventé,
J’ai su rompre celui qu’on m’avait apprêté.
Blâmez-moi de tomber en des fautes si lourdes,
Appelez-moi grand fourbe et grand donneur de bourdes,
Mais louez-moi du moins d’aimer si puissamment,
Et joignez à ces noms celui de votre amant :
Je fais par cet hymen banqueroute à tous autres,
J’évite tous leurs fers pour mourir dans les vôtres,
Et, libre pour entrer en des liens si doux,
Je me fais marié pour toute autre que vous.

Clariste
Votre flamme en naissant a trop de violence,
Et me laisse toujours en juste défiance.
Le moyen que mes yeux eussent de tels appas
Pour qui m’a si peu vue et ne me connaît pas ?


Dorante

Je ne vous connais pas ! Vous n’avez plus de mère ;
Périandre est le nom de monsieur votre père ;
Il est homme de robe, adroit et retenu ;
Dix mille écus de rente en font le revenu ;
Vous perdîtes un frère aux guerres d’Italie ;
Vous aviez une sœur qui s’appelait Julie.
Vous connais-je à présent ? dites encor que non.