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Clariste
C’est tout ce que mérite un homme tel que vous,
Un homme qui se dit un grand foudre de guerre,
Et n’en a vu qu’à coups d’écritoire ou de verre,
Qui vint hier de Poitiers, et conte, à son retour,
Que depuis une année il fait ici sa cour,
Qui donne toute nuit festin, musique, et danse,
Bien qu’il l’ait dans son lit passée en tout silence,
Qui se dit marié, puis soudain s’en dédit.
Sa méthode est jolie à se mettre en crédit !
Vous-même, apprenez-moi comme il faut qu’on ne nomme.

Cliton, à Dorante.
Si vous vous en tirez, je vous tiens habile homme.

Dorante, à Cliton.
Ne t’épouvante point, tout vient en sa saison.
à Clarice.
De ces inventions chacune a sa raison ;
Sur toutes quelque jour je vous rendrai contente.
Mais à présent je passe à la plus importante :
J’ai donc feint cet hymen (pourquoi désavouer
Ce qui vous forcera vous-même à me louer ? ) ;
Je l’ai feint, et ma feinte à vos mépris m’expose.
Mais si de ces détours vous seule étiez la cause ?

Clariste
Moi ?


Dorante

Vous. Ecoutez-moi. Ne pouvant consentir…

Cliton, bas, à Dorante.
De grâce, dites-moi si vous allez mentir.

Dorante, bas, à Cliton.
Ah ! Je t’arracherai cette langue importune.
à Clarice.
Donc, comme à vous servir j’attache ma fortune,
L’amour que j’ai pour vous ne pouvant consentir
Qu’un père à d’autres lois voulût m’assujettir…