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!S POMPÉE

vie d'un chœur ; mais le style est souvent déjà celui de la tragédie, et plus d'un rapprochement s'impose entre Corneille et Garnier.

Acte L — Dans un monologue interminable qui fait tout le premier acte, Cicéron se lamente sur les maux qae cause la guerre civile, et supplie les dieux de tout faii-e retomber sur lui. On trouve là quelques vers dont Corneille s'est peut- être souvenu dans la soène de la délibération :

Nous avons ces jours vu le gendre et le beau-père

Se combattre, ennemis ,

Nous avons subjugué Cartbage et la Sicile, Nous avons presque fait tout le monde servile Pour le seul appétit de commander partout,

Rome et la terre ensemble ayant un même bout

Quel droit eurent jadis nos avares ancêtres Aux royaumes d'Asie? Etaient-ils bériliers Des Mèdes, des Persans, les monarques premiers ? Qu'avaient-ils en l'Afrique, et la Gaule, et l'Espagne? Que nous devait Neptune en l'extrême Bretagne ? Ne sommes-nous larrons, cruels larrons du liien De tant de pauvres gens qui ne nous doivent rien? Qu'avons-nous aux trésors, aux libertés, aux vies De tant de nations par la force asservies, Dont les gémissements et les pleurs à tous coups Montent jusques aux dieux, pères communs de tous, Qu'ils vont importunant à leur juste vengeance Contre cette cité riche de violence ?

On jugera peut-être que ce réquisitoire contre les Romains est moins bien placé dans la bouche d'un Romain qu'il ne le serait dans celle d'un paysan du Danube ou d'un de ces rois qui, comme Ptolomée, las d'être esclaves, ont hâte d'abattre l'orgueil arrogant de Rome. Au monologue de Cicéron suc- cède un chœur de Romains, qui termine le premier acte.

Acte II. — Cornélie se plaint à Cicéron de la destinée qui la poursuit ; elle rappelle son double mariage avec Crassus et Pompée, et s'accuse d'avoir été « nopcièrement pesti- lente » à tous deux :

Ainsi suis-je la cause et du courroux des dieux Et du trépas cruel qui te sille les yeux. Déplorable Pompée, ainsi je suis i'orage, La peste et le flambeau qui ta maison saccage. Mais ce ne sont les dieux, ni Crasse mon époux Qui pour tienne me voir me poursuivent jaloux»

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