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Clariste
Vous m’honorez beaucoup d’un si glorieux choix.
Je l’attendrai, Monsieur, avec impatience,
Et je l’aime déjà sur cette confiance.



Scène II



Isabelle, Clarice


Isabelle

Ainsi vous le verrez, et sans vous engager.

Clariste
Mais pour le voir ainsi qu’en pourrai-je juger ?
J’en verrai le dehors, la mine, l’apparence ;
Mais du reste, Isabelle, où prendre l’assurance ?
Le dedans paraît mal en ces miroirs flatteurs :
Les visages souvent sont de doux imposteurs.
Que de défauts d’esprit se couvrent de leurs grâces !
Et que de beaux semblants cachent des âmes basses !
Les yeux en ce grand choix ont la première part,
Mais leur déférer tout, c’est tout mettre au hasard ;
Qui veut vivre en repos ne doit pas leur déplaire,
Mais, sans leur obéir, il doit les satisfaire,
En croire leur refus, et non pas leur aveu,
Et sur d’autres conseils laisser naître son feu.
Cette chaîne, qui dure autant que notre vie,
Et qui devrait donner plus de peur que d’envie,
Si l’on n’y prend bien garde, attache assez souvent
Le contraire au contraire, et le mort au