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INTRODUCTION TT

Et, ce qui vaut biea mieux que toutes ces richesses, Le^ maris y sont bons et les femmes maîtresses.

Quant à Dorante, il est superflu dédire que sa passion éclate avec la soudaineté de la foudre. Dans k MeiHeur, il avait aimé Clarice à première vue ; ici, il n'a même pas vu Mélisse ; mais voici qu'il surprend son portrait entre les mains de Lyse; avec quelle ardeur il s'en saisit! avec quelle chaleur il refuse de le rendre! de quel air il le contemple, malgré les railleries de Cliton, qui n'a point tout à fait tort de le croire dupe d'une comédie concertée entre la maîtresse et la suivante; car, en remettant son portrait à Lyse, avec mission de le faire prendre par Dorante, Mélisse a dit :

S'il le rend, c'en est fait; s'il le retient, il m'aime.

ACTE III. — Toujours délicat, Dorante refuse de recevoir les remerciements de Cléandre qu'il a sauvé :

Entre les gens de cœur il suffit de se voir. Par un effort secret de quelque sympathie L'un à l'autre aussitôt un certain nœud les lie : Chacun d'eux sur son front porte écrit ce qu'il est, Et quand on lui ressemble, on prend son intérêt.

Par malheur, sa discrétion n'est pas égale à sa d-ilicatesse : il ne peut s'empêcher de montrer le portrait de Mélisse L Cléandre, fort troublé d'y reconnaître sa sœur. Resté seul, en face de son valet, il adresse au portrait de celle qu'il aime des stances où la passion parle le langage un peu affecté de la galanterie contemporaine, et que Cliton, plus positif, parodie plaisamment. Ce troisième acte, d'ailleurs, •est surtout roma- nesque et fait peu avancer l'action. L'on y voit Mélisse, déguisée en servante et cachant son visage sous une coiffe, accompa- gner Lyse à la prison, se découvrir à Dorante, quand celui-ci a refusé de rendre le portrait qu'on lui demande pour la forme, puis se voiler de nouveau quand l'importun Philiste vient annoncer que Dorante, innocenté par quatre témoignages dé- cisifs, va être élargi. Pour la tirer d'embarras, celui-ci la fait passer pour unelingère de ses amies. De même, au deuxième acte, pour avoir le droit de garder le portrait de Mélisse, il a feint de vouloir le faire réparer par un orfèvre prisonnier tout à fait imaginaire. Voilà, comme l'observe Cliton, trois men- songes en peu de temps; mais qui n'excuserait des mensonges si véniels? Il en résulte que « le Menteur », loin de de s'alié- ner nos sympathies, s'en rend de plus en plus digne, mais aussi que ses mensonges sont moins plaisants.

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