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30 LE MENTEUR

outragé, Géronte reprend le Ion du père affectueux et indul- gent, d'autant plus affligé des fourberies de son flls qu'il l'avait traité avec plus de douceur : ne lui avait-il pas par- donné son prétendu mariage clandestin ? et c'est par un men- songe qu'il a reconnu sa tendresse ! Ainsi toujours, dans Géronte comme dans don Diègue et dans le vieil Horace, l'a- mour paternel se montre mêlé de tendresse et de fermeté, de force et de faiblesse, tel qu'il est enfin; mais, dans ce mé- lange, Corneille a toujours soin de soumettre le sentiment faible au spntimentfort, la tendresse au devoir, et la loi mo- rale reste supérieure à l'bomnie, dont elle contient le cœur sans l'étouffer, il y a entre Gpronte et don Diègue ou le vieil Horace les différences qui séparent les personnages tragiques des personnages comiques ; mais c'est je mênip fpnd de sen- timents et d'idées *. « 

IMous n'ajouterons rien à pp jugement; niaiç i| npii§ serçi permis de regretter que l'çidmirfvble réprimande de Géronte ne soit pas plus efficace. Non seulement Dorante ne se corr rige pas, et recommence à q^entir; mais il ne se montre, ni attendri par les plaintes de son père, ni effrayé par ses me- Haces. Le trait le plus fâcheux de ce caractère, si déduisant par d'autres côtés, c'est assurément cette sécheresse de cfyur, ce défaut trop visible d'affection confiante envers un pèrp si affectueux. Loin de regretfer les impostures auxquelles il s^ voit parfois réduit, Dorante prend un plaisir cruel à berner celui qu'il appelle « le bophomme^», H évite sa présence, ou, quand il ne peut l'éviter, l'accueille avpc une (iureté qni i\ous est vraiment pénible :

GÉRONTE.

Je vous cherchais, Dorante.

DOUANTE, à part.

Je ne vous cherchais pas, moi. Que mal à propos ^

Son abord importun Vient troubler mon repos!

Et qu'un père iucompaode un homme de mon âge 3!

C'est le pri égoïste de I3, jeunesse inipc^tiente du frein, le en de Ladi^Jas jmpprtuné par les graves remontrances de son père :

Que la vieillesse souffre et fait souffrir autrui*!

1. Saint-Marc Girardin, Cours de littérature dramatique.

2. Acte II, se. IV. 3 Acte IV, se. -vi.

4. Rt'trou, Vcnceslas, I, se. i.

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