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ir LE MENTEUR

du Menteur, ou peu après, par jalousie des succès de Floridor, qui le remplaça dans la plupart de ses rôles.

Selon une tradition , d'ailleurs contestée ^ le cardinal de Richelieu, qui, malade et mourant, conservait encore son goût vif pour le théâtre, avait fait présent à Bellerose, pour jouer le Menteur, d'habits magnifiques, « ce qui piqua si fort l'acteur qui faisait le personnage d'Alcippe, fort inférieur à celui du Menteur, qu'il fit valoir son rôle autant et plus qu'il ne valait réellement ». En tout cas, le nom de cet acteur ne nous a pas été conservé, pas plus que ceux des autres comé- diens qui avaient un rôle dans la pièce. On sait seulement que, plus tard, Lagrauge, qui jouait les Eraste, les Clitandre, les don Juan, dans les comédies de Molière, jduaborante dans la comédie de Corneille*, avant la Thorillièré. Ce rôle, étin- celauL de jeunesse et de gaieté, n'a pas toujours été tenu par des jeunes gens. Quand, après une longue retraite, en mars t724. Baron, âgé de soixante-sept ans, rentra au théâtre par le rôle de Dorante, les spectateurs ne purent réprimer un sourire en l'entendant demander à Cliton :

Ne vois-tu rien en moi qui sente l'écolier-?

Qu'importe lâge de l'interprète, s'il nous rend l'illusion facile! N'avons-nous pas vu, depuis, M. Delaunay débuter à la Comédie-Française dans ce mênle rôle de Dorante , puis s'y maintenir, au delà même de l'âge mûr, à force de grâce souriante et de verve toujours jeune * ? C'est que ce rôle est de ceux qui portent, pour ainsi dire, l'acteur; c'est qu'il laisse après lui un éblouissant souvenir : « Beaucoup de vers du Menteur, dit Voltaire, avaient passé en proverbe, et même, près de cent ans après, un homme de la cour, contant à tablé des anecdotes très fausses, comme il n'arrive que trop sou- vent, un des convives, se tournant vers le laquais de cet homme, lui dit : Cliton, donnez à boire à votre maître.^ » Certains récits avaient tellement saisi l'imagination publique qu'on rêvait de transformer en réalités ces brillants men- songes. C'est ainsi qu'on vit les dames de la cour, indignées de la fatuité de La Tour Roijuelaure, qui allait partout racontant ses bohnes fortunes imaginaires, imposer pour expiation à ce

1. Delaporte, Anecdotes dramatiques.

2. M. Edouard Thierry, Registre de Lagrange.

3. Acte I, se. 1.

4. Il s'y maintient encore, toujours avec le même succès, pfrês de MM. Got (Cnton) et Maubant (Géronte.)

5. Voltaire, Gommant aireu sur le Menteur.

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