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INTRODUCTION '.3

A payé tribui, à Nature,

Et voici pour sa sépulture:

îci gît qui de Jodelet

Joua cinquaute ans le rolct,

Et qui fut de même farine

Que Gros-Guillaume et Jean Farine,

Hormis qu'il parlait mieux du nez

Que lesdits deux enfarinés '.

Ce ton de voix nasal était célèbre, et Corneille, dans la Suite du Menteur, y fera une allusion plaisante. Au reste, il paraît que tous les traits du visage de Jodelet étaient si mar- qués et si comiques qu'il n'avait qu'à se montrer pour exciter les éclats de rire, augmentés encore par la surprise qu'il té- moignait de voir rire les autres. Il nous est représenté dans les estampes avec une grande barbe, des moustaches noires, et le reste du visage couvert de farine. iNous devons croire qu'il ne l'ut pas médiocrement plaisant, puisqu'il dérida jus- qu'au sombre Louis XIII, qui. par un coup d'autorité, le fît passer, dit-on, en 1634, du Marais à l'Hôtel de Bourgogne, Mais cette date, donnée dans la plupart des biographies, ne doit pas être exacte, puisque nous savons, d'après le propre témoignage de Corneille, que le Menteur fut représenté au Marais, et que Jodelet y joua le rôle de Cliton, avec un plein succès.

Ce bouffon spirituel donnait la réplique sur la scène à l'élé- gant Bellerose (Pierre le Messier), qui parlait et marchait avec une souveraine bonne grâce, toujours sûr d'être applaudi, soit qu'il prêtât au rôle de Cinna ou de Dorante sa distinction un peu froide, soit qu'en sa qualité d'orateur de la troupe il vint débiter sur le devant du théâtre les petites harangues où il excellait. Scarron le trouvait pourtant affecté ^1 comment s'en étonner? Auprès de Jodelet, de Gautier Garguille, de Gros- Guillaume, de Turlupin et des autres « enfarinés » qui faisaient souvent descendre la comédie au niveau de la charge gros- sière, Bellerose devait paraître bien collet-monté. Sa physio- nomie, d'ailleurs, avait quelque chose d'efféminé, qui ne dé- mentait pas son nom de guerre un peu précieux. Si l'on en croit le cardinal de Retz, tel gentilhomme déplaisait à M™" de Montbazon, parce qu'il avait l'air fade du comédien Bellerose. Celui-ci avait débuté vers 1629 et ne mourut qu'en 1670 ; mais on croit qu'il abandonna le théâtre l'année qui suivit celle

��2. Gazfitto de Loref, 3 avril.

1. Roman comique.

2. D'autres ainjliquent ce trait à Lai^le, ami de M"'* de Clievreuse,

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