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168 POMPEE

ACHORÉE.

Un grand peuple, Seigneur, dont cette cour eit pleine,

Par des cris redoublés demande à voir sa reine,

Et, tout impatient, déjà se plaint aux cieux

Qu'on lui donne trop tard un bien si précieux. 1800

CÉSAR.

Ne lui refusons plus le bonheur qu'il désire : Princesse, allons par là commencer votre empire.

Fasse le juste ciel, propice à mes désirs, Que ces longs cris de joie étouffent vos soupirs, Et puissent ne laisser dedans votre pensée 1805

Que l'image des traits dont mon âme est blessée ! Cependant, qu'à l'envi ma suite et votre cour Préparent pour demain la pompe d'un beau jour, Où dans un digne emploi 1 une et l'autre occupée Couronne Cléopâtre et m'apaise Pompée, 1810

Elève à l'une un trône, à l'autre des autels, Et jure à tous les deux des respects immortels.

est décente ; ii est peu probable qu'elle soit très profonde, et que ce « mauvais frère », pour parler comme Césair, doive être beaucoup pleuré de la sœur pour qui sa mort a été une délivrance.

1797. Un grand peuple, une foule considérable. Voltaire observe, non sans raison, que la pièce est finie, puisque les assassins de Pompée sont punis, et que désormais tous les compliments de César et de Qéopâtre sont inutiles.

1806. Sur blesser, employé quand il s'agit des passions de l'amour, voyez les Y. 861 de Cinna, 105 et 198 de Polyexicte.

J'avais ce seul moyen d'expliquer ma pensée

A oet aimable objet dont mon âme ett blessée. (Rolroo, Amélie, Ul, 1.)

1807. Sur cependant que voyez la note du v. 179.

1808. La pompe, la cérémonie solennelle ; voyez la note du t. 664.

1810. M'apaise Pompée, apaise l'ombre de Pompée irritée contre moi; tiu% ci un sens analogue au datif d'intérêt des Latins.

1812. Immortels, pour éternels, s'applique plus rarement aux choses qu'aux personnes. — Cette fin est froide, comme toute la scène. Il peut être intéressant de savoir ce que César compte faire pour honorer la mémoire de Pompée, puis- que la mort de Pompée, du moins en apparence, fait le sujet de la pièce; et pourtant, cet intérêt même est assez médiocre, car nous n'attachons plus à ces questions de sépulture l'importance qu'y attachaient les anciens. Mais nous nous inquiétons fort peu de savoir ce que deviendra Cléopâtre. Dans le cours de la tragédie, les 'scènes ou il était question d'elle et de César nous semblaient déjà languissantes; mais l'intervention de l'énergique Cornélie en relevait presque aussitôt la fadeur, et les faisait vite oublier. Combien plus languissante paraît encore cette scène sur laquelle s'achève un drame si puissant par ailleurs! Com- bien mesquins les intérêts qui s'y débattent 1 Tout à l'heure encore si vraiment grand, Césa>- n'est plus que galant, et Cornélie n'est plus là pour le contraindre à rivaliser d'héroïsme avec elle.

FIN DE l'aCTS CINQUIÈUE

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