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Monté sur le trône à l’âge de treize ans, et régnant conjointement avec sa sœur Cléopâtre, le jeune prince avait pour conseiller le général Achillas, l’eunuque Pothin, dont Appien fait un ministre de la guerre, et un rhéteur de Samos, Théodote, sou précepteur. Voici comment Plutarque, rajeuni par Amyot, nous raconte la délibération du roi et de ses ministres :

« Ce roy Ptolomœus estoit encore fort jeune, mais celuy qui menoit tous ses affaires, nommé Pothinus, assembla un conseil des principaux hommes et plus advisez de la cour, lesquels avoient authorité et crédit selon qu’il luy plaisoit leur en départir; et assemblez qu’ils furent, leur commanda de la part du Roy de luy dire chacun son advis, touchant ceste réception de Pompeius, assavoir si le Roy le devoit recevoir ou non. Si estoit-ce desja une grande pitié de voir un Pothinus, valet de chambre du Roy dJEgypte, et un Theodotus, maistre d’école, natif de Chio, qu’on avoit loué pour enseigner la Rhétorique à ce jeune Roy, et un Achillas, ^Egyptien, consulter entre eux ce qu’on devoit faire du grand Pompeius : car ceux-là estoient les principaux conseillers et entremetteurs des affaires du Roy, entre les autres valets de chambre et ceux qui l’avoient nourri. Si attendoit Pompeius, ayant posé l’ancre en la rade assez loin de la coste, la resolution de ce conseil : auquel les opinions des autres furent differentes, en ce que les uns vouloient qu’on le renvqiast, les autres qu’on l’appellast et qu’on le receust. Mais le Rhétoricien Theodotus, voulant monstrer son éloquence, alla discourir que ny l’un ny l’autre ne estoit seur; pour ce, dit-il, que, s’ils le recevoient, ils auroient Csesar pour ennemi, et Pompeius pour maistre, et que, s’ils l’esconduysoient, Pompeius leur tourneroit à crime ce qu’ils l’auroient chassé, et Cœsar ce qu’ils ne l’auroient retenu : à raison de quoy le meilleur estoit le mander pour le faire mourir, pource qu’en ce faisant ils acquerroient la bonne grâce de l’un et ne craindroient plus la maie grâce de l’autre; encore dit-on qu’il adjousta à son dire ce traict de risée : « Un homme mort ne mord point [1]. »

Velleius Paterculus fait intervenir dans la même délibération les mêmes personnages, et dit que la volonté d’un esclave égyptien disposa du sort de Pompée : « Princeps romani nominis imperio arhitrioque Mçiypt’d maiicipii jiigulatus est [2]. » Mais Florus ajoute ce trait nouveau : « Imperio vilissimi régis, consilio spadonum, et, ne quid malis desit, Septimii deser loris

  1. Plutarque, Vie de Pompée, 77
  2. Histoire romaine, 53.