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INTRODUCTION

I

LES SOURCES HISTORIQUES ET POÉTIQUES.

La Mort de Pompée est un beau tableau d’histoire plutôt qu’un drame entraînant; les beautés mêmes qu’on y voit briller, et qui ne sont pas médiocres, ont quelque chose de grave et d’un peu froid, malgré la magnificence, parfois voulue et forcée, du style. C’est donc aux historiens plus encore qu’aux poètes qu’il faut s’adresser si l’on veut mesurer le degré d’originalité de la tragédie cornélienne. Les historiens grecs, Appien et Plutarque, les historiens latins, Velleius Paterculus et Florus, lui ont beaucoup donné. S’il a pris plus encore à Lucain, c’est que Lucain, orateur autant que poète, « magis oraioribus quam poelis annumerandus [1] », a écrit un poème à moitié historique, sinon par le ton, du moins par le fond des événements. Mais, ici encore, en imitant, Corneille a su créer.

Quels éléments l’histoire offrait-elle à la tragédie? Le dire, ce sera marquer d’avance le caractère de cette imitation créatrice. Tous ces récits, souvent identiques, peuvent sans inconvénient être confondus en un seul, pourvu qu’on prenne soin de distinguer les traits particuliers à chaque narration.

Au lendemain de Pharsale, vaincu, fugitif, Pompée court rejoindre sa femme Cornélie à Lesbos, où elle attendait l’issue de la guerre civile. Sur les conseils de Théophane de Lesbos, historien et poète, il se décida, selon Plutarque, à gagner l’Egypte, dont le roi, Ptolémée XII dit Dionysos, fils de Ptolémée Aulétès, devait avoir gardé le souvenir reconnaissant des services rendus autrefois par Pompée à son père

  1. Quintilien, X, 1.