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ACTE IV, SCÈNE î 131

Et, notre main alors également trempée 1105

Et du sang: de César et du sang de Pompée, Rome, sans leur donner de litres différents, Se croira par vous seul libre de deux tyrans.

PTOLOMÉE.

Oui, par là seulement ma perte est évitable :

C'est trop craindre un tyran que j'ai fait redoutable. HIO

Montrons que sa fortune est l'œuvre de nos mains ;

Deux fois en même jour disposons des Romains*

Faisons leur liberté comme leur esclavage. '

César, rjue tes exploits n'enllent plus ton courage;

Considère les miens, tes yeux en sont témoins. ' 1115

Pompée était mortel, et tu ne l'es pas moins :

Il pouvait plus que toi; tu lui portais envie;

Tu n'as, non plus que lui, qu'une âtne et qu'une vie-

Et son sort, que tu plains, te doit faire penser '

Que ton cœur est sensible, et qu'on peut le percer. 1120

Tonne, tonne à ton gré, fais peur de ta justice :

C^est à moi d'apaiser Rome par ton supplice;

C'est à moi de punir ta cruelle douceur,

Qui n'épargne en un roi que le sang de sa sœur.

Je n'abandonne plus ma vie et ma puissance H^g

Au hasard de sa haine ou de ton inconstance;

llOo. Remarquez la construction de ces deuï Ters, qui équivaut à un véri- table participe absolu latin. On en trouve dans le théâtre de Corneille des exemples aussi curieux :

En l'état où je sais, deux batailles nerdnes.

Mes villes la plupart snriirisi^- on rendues.

Mon royaume d'argent et «l'homnios afliiibli.

C'est beaucoup de me voir tout d'un coup rétabli. (Sophomsbe, 271-73.)

1108. Plaaimus er^de secunrld

Hesperias gentes ; jugulus mihi Cxsaris haicstut Hoc pr.Tstare polest ; Pomimi cœdc nocemes

Ut popidus Romanus amet (Lucain, X, 38G-89.)

1109. Var. Oai, oui, ton sentiment enfin est véritable :

G est trop craindre celai que j'ai fait rcdoatable. (16i4-B6.)

loncnl" h^Î^h' If "t'^ °'f '"" P^"' î".,"°^?«- C'est Une grande bizarrerie des langues d. admettre le mot compose et d'en rejeter la racine. » (Voltaire.)

1110. Usque adeone limes quem tu facis ipse timcnrlum ? (Lucain, IV, 186.) 1114. Sur la locution enfler le courage, voyez la note du v. 278.

1116. Quem mctiiis, par hujus erat (Lucain, X, 382.)

1120 II est surprenant que M. Liltré cite ces vers en expliquant ici sensîôte par : qui est aisément emu, attendri. Cœur sensible est, en effet, pris en séné rai dans ce sens ; mais il est évident que Corneille entend ce mot dans un sens tout physique et matériel. 11 faut donc entendre : quelle que soit ta CTan- deur, tu es homme, tu as un cœur, et ce cœur, une épée peut le percer.

1125. Var. Et n'abandonner plus ma vie et ma puissance... (1644-1656).

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