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ACTE III, SCÈNE II 115

C'est ce que de Pompée il vous fallait apprendre:

S'il en eût aimé l'oliVe, il eût su s'en défendre ;

Et le trône et le roi se seraient ennoblis

A soutenir la main qui les a rétablis. 820

Vous eussiez pu tomber, mais tout couvert de gloire:

Votre chute eût valu la plus haute victoire ;

Et si votre destin n'eût pu vous en sauver,

César eût pris plaisir à vous en relever.

Vous n'avez pu former une si noble envie; 825

Mais quel droit aviez-vous sur cette illustre vie ?

Que vous devait son sang pour y tremper vos mains,

Vous qui devez respect au moindre des Romains?

Ai-je vaincu pour vous dans les champs de Pharsale?

Et par une victoire aux vaincus trop fatale, 830

Vous ai-je acquis sur eux, en ce dernier effort,

La puissance absolue et de vie et de mort?

Moi qui n'ai jamais pu la souffrir à Pompée,

La souffrirai-je en vous sur lui-même usurpée,

Et que de mon bonheur vous ayez abusé 835

Jusqu'à plus attenter que je n'aurais osé?

Voyez, dans notre édition de Cinna, la même idée exposée par Dion Gassius Dans Sertoiius, Aufide dit à Perpenna :

C'est mal vivre en Romain que prendre loi d'nn liomme. (I, i.)

818. i< Ce vers n'est pas trop intelligible; le reste fait un très bel effet. » (Voltaire.) « Le sens de ce vers n'a rien d'oliscur, à ce qu'il nous semble. Pompée, qui avait fait Ptoloraée roi, aurait pu être flatté de cette otfre, qu'il eût regardée de la part de ce prioce comme un sentiment de reconnaissance; mais il ne l'eût point afceptée : l'orsueil romain consistait à donner des couronnes et à les mépriser. » (l'alissot.)

822. On ne peut s'empêcher ici de se nppcler le mot célèbre de Montaigne : « 11 y a des pertes triumphantes à l'envy des victoires. » (Essais, I, 243.)

825. Former une envie ne parait pas très français ; mais Corneille dit aussi : « former des craintes » {Sertorius. 489).

832. « Le sang patricien des Jules prend ici le dessus, et le mépris de César éclate pour ces rois, pour ces peuples vaincus, pour ces provinces enchaînées dont sa politique tirera pourtant un si puissant secours Mais ce n'est pas la mor- gue sénatoriale qui dicte ces belles paroles, c'est la sévère équité romaine. C'est l'offense faite au citoyen que doit sentir vivement César. » (Desjardins, le Grand Corneille historien.) Il y a aussi sous le patricien, comme le remarque M. Mer- let, le vainqueur indigné d'une perfidie dont la complicité, même apparente, dés- honorerait son triomphe et le politique avisé qui repousse l'amitié suspecte des traîtres et des lâches.

834. Ergo in Thessalicis Pellxo fccinnis arvis Jus qladio ? Vestris qusesita liccn.Ua reqnis ? Non tuleram Maqnuni merum Rnmana rcqortem ; Te. Ptnlemxe.ferarn? (Lueain. IX, 1073-76.)

835. La construction souffnrai-je cette puissance ... et que n'est pins admise aujourd'hui grammaticalement.

836. Attenter, se laisser entraîner à des, attentats, à des tentatives ou entre- prises excessives, sorte de latinisme :

L'un volt aux mains d'autrui ce qu'il croit mériter.

L'autre an désespéré qui peut trop attenter. (Polyeuctc, UI, 1.)

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