Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée

114 POMPEE

��CESAR.

��Connaissez-vous César, de lui parler ainsi?

Que m'offrirait de pis la fortune ennemie,

A moi qui tiens le trône égal à l'infamie? 8i0

Certes, Rome à ce coup pourrait bien se vanter

D'avoir eu juste lieu de me persécuter;

Elle qui d'un même œil les donne et les dédaigne,

Qui ne voit rien aux rois qu'elle aime ou qu'elle craigne,

Et qui verse en nos cœurs, avec l'àme et le sang, 815

Et la haine du nom, et le mépris du rang.

celle où César écrase Ptolomée de son mépris, et celle où il s'élève au niveau de Cornélie. Tout en reconnaissant que le spectateur est charmé de voir ce roi abaissé et confondu, Voltaire énrit : « César joue un peu sur le mot. Quand Pto- lomée lui dit : Montez au trône, il veut dire seulement : soyez ici le maître; et non pas : faites-vous couronner roi d'Egypte. » 11 est liors de doute que Ptolo- mée ne peut proposer sincèrement à César la couronne d'Egypte ; mais il ne faut pas oublier qu'il suit les conseils de Photin, et que Photin lui a dit, au v. 701

Remetez en ses mains trône, sceptre et couronne.

Nous ne croyons donc pas que Ptolomée se borne, en quelque sorte, à offrir la place d'honneur à César; il va plus loin, et veut, comme il nous en a prévenus,

Offrir tout César afin de tout reprendre (7i8).

808. Sur la manière dont Molière, qui jouait le rôle de César, disait ces vers, voyez l'Introduction. Il faut avouer, d'ailleurs, qu'ils prêtent à la déclamation em- phatique; mais peut-être, selon la juste observation de Voltaire, est-il nécessaire d'enfler un peu la grandeur romaine sur le théâtre, comme on place des figures colossales dans de vastes enceintes.

811. A ce coup, pour cette fois.

812. D'avoir eu juste lieu, d'avoir eu de justes raisons pour...

813. On sait, en effet, avec quel dédain Flaminius et Lelius traitent Prusias, Attale, Massinisse dans Nicomèdo et Sophonisbe. Ce que dit ici César, Flaminius le répète à Laodice :

Comme simple Romain, souffrez que je vous die

Qaetrp allié de Rome et s'en faire un appui.

C'est l'uniijue moyen de réi^ner aujo'.inl'liui.

Que c'est par là qu'on tient ses voisins en cnitrainte,

Ses peuples en repos, ses ennemis en crainte:

Qu'un prince est dans son trône à jamais affermi,

Buand il est honoré du nom de son ami; u'Attale avec ce titre est plus roi, [dus monarque Que tous ceux dont le front ose en porter la marque ; Et qu'enfin... — Il suffit, je vois bien ce que c'est : To'is les rois ne sont rois qu'autant comme il vous plaît. (HT, 2.)

816. Au second acte de Cinna, Maxime, pour décider Auguste à l'abdication, lui rappelle cette horreur innée des Romains pour la monarchie :

Cntisidérez d'ailleurs que vous régnez dan= Rome, Oii, de ijuelque façon que votre cour vous nomme. On liait la monarchie, et le nom d'empereur. Caitnnt celui de roi, ne fait pas moins d'horrear.

Auguste lui-même le reconnaît :

Cette Iiainç des rois qne, depuis cinq cents ans, Avec le piemier lait sucent tous ses enfant», Pour 1 arracher des cœurs est trop enracinée.

�� �