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ACTE III, SCÈNE I 109

S'il traite avec douceur, s'il traite avec empire ; Ce qu'à nos assassins enfln il a su dire.

ACHORÉE.

La tête de Pompée a produit des effets 735

Dont ils n'ont pas sujet d'être fort satisfaits. Je ne sais si César prendrait plaisir à feindre; Mais pour eux jusqu'ici je trouve lieu de craindre: S'ils aimaient Ptolomée, ils l'ont fort mal servi.

Vous l'avez vu partir, et moi je l'ai suivi. 740

Ses vaisseaux en bon ordre ont éloigné la ville, Et pour joindre César n'ont avancé qu'un mille. Il venait à plein voile, et, si dans les hasards II éprouva toujours pleine faveur de Mars, Sa flotte, qu'à l'envi favorisait Neptune, 745

Avait le vent en poupe ainsi que sa fortune. Dès le premier abord notre prinre étonné Ne s'est plus souvenu de son front couronné :

733. Traiter ne s'emploie plus au neutre, en ce sens. Corneille a dit pour«  tant aussi : traiter avec quelqu'un, pour traiter quelqu'un :

Ne vous offensez pas, objet rare «t charmant.

Si ma haine a»ec lui traite nn peu rudement. (Théodore, 456.)

741. Ont éloigné la ville est un solécisme, suivant Voltaire, et, selon Aimé Martin, une expression nouvelle, propre à Corneille. Ce n'est ni l'un ni l'autre. Eloigner, pris activement pour s'éloigner, n'est qu'un archaïsme, analogue, comme le remarque M. I.ittré, à la locution qu'on a conservée et qui emploie approcher de la même façon : approcher une ville, pour s'en approcher. Ménage, qui relève cet emploi chez Malherbe, cite Baïf, Bertaut, Desportes, Segrais; dans ses Observations, il ajoute: « Il n'y a rien de plus commun dans nos poètes, tant anciens que modernes, que cette façon de parler. » Si l'on en croil M. Jaubert, cité par M. Godefroy, dans son Lexique (à la suite d'exemples nombreux empruntés aux xvi" et xvii" siècles), cette tournure est encore usitée dans le centre de la France. — « C'est l'illusion du nautonier sur sa barque; le poète exprime le fait apparent au lieu du fait réel. » (Aimé Martin.)

743 Et tota seeundis

Vsla dédit Coris (Lucain, IX, 1000-1001.)

A plein voile, à pleines voiles. "Vaugelas et Ménage n'admettent voile qu'au féminin ; mais Vaugelas constate qu'on le fait assez souvent masculin, et Ménage permet de dire un voile quand il s'agit d'un navire. Au fond, si la distinction que propose Ménage n'a pas été adoptée, cella qu'on a établie entre un voile et une voile semble assez arbitraire. C'est pourtant, croyons-nous, le seul passage où Corn3ille fasse voile du masculin ; mais on en trouve plusieuri exemples chez Rotrou.

744. Yar. Il éprouva toujours la faveur de son Mars (164i-16S6).

747. Sans avoir ici toute l'énergie du sens étymologique attonitus, frappé da la foudre, étonné e«t moins faible qu'il ne le serait aujourd'hui.

748. .Ve s'est plus souvenu de son front couronné, tournure remarquable pour : ne s'est plus souvenu ^ue son. front portait une couronne, qu'il était roi.

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