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ACTE II, SCÈNE II 97

Qui, de cette grande àme achevant les destins,

Etale tout Pompée aux yeux des assassins.

Sur les bords de l'esquif sa tête enfin penchée,

Par le traître Septime indignement tranchée, 530

Passe au bout d'une lance en la main d'Achillas,

Ainsi qu'un grand trophée après de grands combats.

On descend, et pour comble à sa noire aventure

On donne à ce héros la mer pour sépulture,

Et le tronc sous les flots roule dorénavant 535

Au gré de la fortune, et de l'onde, et du vent.

La triste Cornélie, à cet aflreux spectacle.

Par de longs cris aigus tâche d'y mettre obstacle,

Défend ce cher époux de la voix et des yeux,

Puis, n'espérant plus rien, lève les mains aux cieux, 540

Et, cédant tout à coup à la douleur plus forte,

Tombe, dans sa galère, évanouie ou morte.

Les siens en ce désastre, à force de ramer,

L'éloignent de la rive, et regagnent la mer.

Mais sa fuite est mal sûre, et l'infâme Septime, 545

Qui se voit dérober la moitié de son crime,

528. Etale tout Pompée, dévoile toute la grandeur héroïque de Pompée. Voyez le v. 57.

529. Var. Sa tête, sur les bords de la barqne penchée... (1644-16G4.)

532. C'est aussi Septime qui, chez Lucain^ tranche la tête de Pompée "

Collaque in obliqua ponit latvjuentia transtro;

Tune iiervos venasque secat....

Yindicat hoc Pharius dextra i/estare satelles...

Pharioque venito

Suffixum caput est (Vni, G71 ft fiSi.)

533. Var. Et, poar combler enfin sa tragique ayentnre ... (1644-166*.)

536. Littoi-a Pompeium feriunt, truncusque vadosis

Hac illue jactatur aquis (Lucain,.VUI, 698-699.)

637. Var. A ce spectacle affreux, la pauvre Cornélie

Cléopatre. — Dieux ! en quels déplaisirs est-elle enseveliel

AcHORÉE. — .\yant toujours suivi ce cher époux des yeux,

Je l'ai vue élever ses tristes mains aux cieux;

Puis, cédant aus.-iitôt ù la douleur plus forte.

Tomber dans sa galère, évanouie ou morte. (1G44-1656.)

545 Interque suorum

Lapsa manus, rapitur, trépida fugiente carina. (Lncain, VIII, 661-63.)

544. Ramer ne rimerait plus aujourd'hui, mais rimait alors, avec mer. Dam l'ode à Richelieu qui précède son Hercule mourant, Rotrou écrit :

Je sais bien que sur celte mer Il est malaisé de ramer.

Le même Rotrou fait rimer fer avec étouffer, air avec parle", enfer avec triompher, amer avec aiiner , cher avec des substantifs comiaB rocher, bûcher, et des verbes comme toucher, arracher, chercher, etc.

545. Sur mal sûre, voyez la note ds v. 484.

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