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ACTE II, SCÈNE I 89

Et qu'avec Calphurnie un paisible hyménée Par des liens sacrés tient son âme enchaînée?

CLÉOPATRE.

Le divorce, aujourd'hui si commun aux Romains,

Peut rendre en ma faveur tous ces obstacles vains: 420

César en sait l'usage et la cérémonie;

Un divorce chez lui fit place à Calphurnie.

CHARMION.

Par celte même voie il pourra vous quitter.

CLÉOPATRE.

Peut-être mon bonheur saura mieux l'arrêter;

Peut-être mon amour aura quelque avantage 425 '

Qui saura mieux pour moi ménager son courage.

417. Calpurnie ou Calphurnie, comme lé portent quelques éditions, était la fille de ce L. Calpurnius Pison contre' qui Cicéron dirierea le fumeux discours ou plutôt la véhémente invective in Piiotiem, où il fait précisément intervenir César. Ce fut un mariage politique ; mais Calpurnie fut pour César une femme dévouée, dont il eut le tort de dédaigner l'avis salutaire, aux ides de mars. Après sa mort, elle sacrifia toute sa fortune pour assurer sa vengeance. Ce n'est pas d'elle, c'est de sa première femme, Cornélie, moins irréprochable, que César a dit : « La femme de César ne doit pas ètie soupçonnée. »

410. Chez les Romains, le divorce était la rupture (lu mariage patricien. Il pouvait être demandé par l'un ou l'autre des conjoints pour incompatibilité d'hu- meur, ou seulement par consentement réciproque et sans motif allégué. Le libertinage en fit un tel abus que César, dictateur-, interdit aux femmes divorcées de se remarier avant six mois; Augnste porta cette interdiction à dix-huit mois. Néanmoins, il parait que cette inti-rdiction tomba en désuétude : car Séneqne dit que de son temps il y avait des femmes qui auraient pu compter le nombre de leurs années par le nombre de leurs maris. (Dictionnaire Dezobry.) A l'origine, il n'en était pas ainsi : la dissolution du mariage religieux était f.irt difficile; une nouvelle cérémonie sacrée était nécessaire.

421. Cette cérémonie était la diffarrcatio, qui, seule, pouvait détruire le» eflets de la confarneatio. « Les deux époux qui voulaient se séparer parais- saient pour la dernière fois devant le foyer commun; un prêtre et des témoins étaient présents. On présentait aux époux, comme au jour du mariage, un gâteau do Heur de farine. Mais, sans doute, au lieu de se le partager, ils le repous- saient. Puis, au lieu de prières, ils prononçaient des formules d'un caractère étrange, sévère, haineux, eIVrayant, une sorte de malédiction par laquelle la femme renonçait au culte et aux dieux du mari. Dès lors, le lien religieux était rompu. » (Fustel de Coulanges, Cité antique, II, 2.)

4-2. César avait, en effet, répudié Pompeia pour épouser Calpurnie, comme il avait déjà répudié Cossutia pour épouser Cornélie. Calpurnie était donc sa qua- tricme femme. Au reste, Pompée n'avait rien à lui reprocher sous ce rapport: Cornélie n'était point sa première femme. L'ur.e de celles qui l'avaient pré- cédée raille, dans Scriorius.

ce privilège acquis aux prandes âmes »

De changer à leur gré de maris et de femmes. (III, .)

425. Var. Et si jamais le ciel favorisait ma conclie

De quelijae rejeton de cette illii.stro sonche. Cette heure;ise union de mon sang et lu sien Unirait à jamais son destin et le mien.

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