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ACTE II, SCÈNE î 87

��CHARMION.

Aiinsi donc de César l'amante et l'eniiemie...

CLÉOPATRE.

Je lui garde ma flamme exempte d'infamie. Un cœur digne de lui.

CHARMION.

Vous possédez le sien ?

CLÉOPATRE.

Je crois le posséder.

CHARMION.

Mais le savez-vous bien?

CLÉOPATRE.

Apprends qu'une princesse aimant sa renommée, 385

Quand elie dit qu'elle aime, est sûre d'être aimée, Et que les plus beaux feux dont son cœur soit épris N'oseraient l'exposer aux hontes d'un mépris.

Notre séjour à Rome enflamma son courage: Là j'eus de son amour le premier témoignage, 390

Et depuis jusqu'ici chaque jour ses courriers M'apportent en tribut ses vœux et ses lauriers.

386. Var. Quand elle aTOue aimer, s'assure d'être aimée. (1GU-16B6.) Jamais ne dit quelle aime à moins que d'être aimée {I6G0.) Et, de quel.iue beau fen que son cœur soit épris, Ne s'expose jamais aux hontes d'un mépris. (1G14-1656.)

388. L'Infante, pourtant, dans le C>d, observe Voltaire, et Hermione dans Andromaque aiment sans être aimées. Tout ce rouplet de Cléopâtre est froid, il faut le reronnaître. — Hontes, au pluriel, se retrouvera dans la variante du V. 1646. Corneille aimait ces pluriels des noms abstraits; il dit : les hontes d'un arrêt (The.odose, 997), et, dans Rodogune :

Non, mais vous avez dû garder le souvenir

Dc.i hontes que pour vous j'avais sn prévenir. (1310.)

389. Sur courage pour coeur, voyez la note du v. 293.

392. Dans l'Examen de Polyeucte, à propos de la confidence de Pauline à Stratnnice, Corneille cite les confidences analogues de l'Infante à Léonor, dans le Cid, et de Cléopâtre à Charmion : « Cléopâtre, dans Pompée, ne prend pas des mesures plus justes avec Charmion : elle lui conte la passion de César pour elle, et comme

cliaque jour ses courriers

Lui portent en tribut ses vœux et ses laurier».

Cependant, comme il ne parait personne avec qui elle ait plus d'ouverture de cœur qu'avec cette Charmion, il y a grande apparence que c'était elle-même dont cette reine se servait pour introduire ces couiriers, et qu'ainsi elle devait savoir déjà tout ce commerce entre César et sa maîtresse. Du moins il fallait marquer quelque raison qui lui eût laissé ignorer jusque-là tout ce qu'elle lui apprend, et de quel autre ministère cette princesse s'était servie pour recevoir ses courriers. »

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