Ji HORACE
Aussi bon citoyen que véritable amant;
D'Albe avec mon amour j'accordais la querelle;
Je soupirais pour vous en combaltant pour elle,
Et, s'il fallait encor que l'on en vint aux coups,
Je combattrais pour elle en soupirant pour vous. 270
Oui, malgré les désirs de mon âme charmée,
Si la guerre durait, je serais dans l'armée.
C'est la paix qui chez vous me donne un libre accès,
La paix à qui nos feux doivent ce beau succès,
CAMILLE.
La paix! Et le moyen de croire un tel miracle? 275
JULIE.
Camille, pour le moins, croyez-en votre oracle, Et sachons pleinement par quels heureux effets L'heure d'une bataille a produit cette paix,
CUUL\CE.
L'anrait-on jamais cru? déjà les deux armées,
D'une égale chaleur au combat animées, 280
Se menaçaient des yeux, et, marchant fièrement.
N'attendaient, pour donner, que le commandement,
Quand notre dictateur devant les rangs s'avance,
Demande à votre prince un moment de silence,
Et, l'ayant obtenu : « Que faisons-nous, Romains, 285
266. Var. Anssi bon citoyen comme fidèle amant. (16*1-1666.)
267. J'accordais, je mettais d'accord, je conciliais la querelle, c'est-à-dire la cause :
Accordez ces discours que j'ai peineà comprendre. (Pompée, 1630.)
269. Aua; coups semble trivial; aux mains est plus ordinaire. Il est vrai que coups a ici le sens de combat, comme dans les exemples suivan*' de Corneille et de Racine :
Elle-même lenr dresse une embûche au passage,
Se mêle dans les coups, porte partout si rage. (Roâofune, \, 6.)
Hercule respirant sur le nruit de vos coups. (Phèdre, III, 6.)
270. Ce vers correspond symétriquement au vers 268 ; on peut juger qu'ici ces antithèses trop savantes refroidissent une situation où la passion seule devrait parler, et parler avec simplicité.
274. Sur le sens de succès, voir la note du vers 18.
279. Var. Dieux ! qui l'eût jamais cru ? déjà les deux armées. {16«-1648.)
282. Donner, pris neutralement pour charger dans un combat. On en irouv d'innombrables exemples chez Rotrou et les tragiques contemporains :
Enfin, Horace seul est partout où l'on donne. (Du Ryer, Scévole, I, 3.)
285. Voyez plus haut le passage de Titi -Live dont Corneille a imité ce discours • « J'ose dire que l'auteur français e.it au-dessus du Romain, plus nerveux, plus touchant ; et quand on songe qu'il était gêné par la rime et par une langue embarrassée d'articles et qui sijulfre si peu d'inversions, qu'il a surmonté toutes ces difQcultés, qu'il n'a employé le secours d'aucune épithète, que rien u'arrétt
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