IftS POLYEUCTB
Jfl rends grâces au Dieu que tu m'as fait connaître
Do celte occasion qu'il a sitôt fait naître, 654
Où déjà sa bonté, prête à me couronner,
Daigne éprouver la foi qu'il vient de me donner.
NÉARQUE.
Ce zèle est trop ardent, souffrez qu'il se modère.
POLYEUCTE.
On n'en peut avoir trop pour le Dieu qu'on révère.
NÉARQUE,
Vous trouverez la mort.
POLYEUCTE.
Je la cherche pour lui. 65S
NÉARQUE.
Et si ce cœur s'ébranle ?
POLYEUCTE.
II sera mon appui.
NÉARQUE.
Il ne commande point que l'on s"y précipite.
POLYEUCTE.
Plus elle est volontaire, et plus elle mérite.
NÉARQUE.
Il suffit, sans chercher, d'attendre et ae souffrir.
POLYEUCTE.
On souffre avec regret, quand on n'ose s'offrir. 660
NÉARQUE.
Mais dans ce temple enfin la mort est assurée.
POLYEUCTE.
Mais dans le ciel déjà la palme est préparée.
NÉARQUE.
Par une sainte vie il faut la mériter.
POLYEUCTE.
Mes crimes, en vivant, me la pourraient ôtcr.
631. Il s'agit ici de la couronne glorieuse du martyre, sûre promesse de la béatitude.
658. Plus elle mérite, plus elle est méritoire. Mériter n'est guère pris ainsi absolument que dans le style mystique ou théologique : « Ce ne sont ni les austérités du corps, ni les agitations de l'esprit, mais les bons mouvements du cœur qui méritent. » (Pascal, Lettres à liP^" de Roannez, 6.)
Si In veux mériter, si tu veux croître en grâce. (Corneille, Imitation, I, 1168.)
660. Aux V. 684 et 768, le verbe s'offrir a, comme ici, la signification mystique de s'offrir en holocauste. C'est ce que, dans le même style, on appelle Voblation. Voyez la déGnition qu'en donne Pascal dans la Lettre sur la mort de M. Pascal ie père.
604. En vivant, tournure remarquable pour si je vivais; on ne la jugerait plus wrrecte aujourd'hui parce que, grammaticalement, en vivant n'a pas le même luiut que !■; verbe delà proposition principale. M. Chassang (Grammaire, p. Ï7-4J tiU avec cet exemple d'autres exemples empruntés à Racine;
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