Zl polyeucte
la passion augmente encore le mérite repousse dans l'ombre la résignation de ce Polyeucte qui se dévoue sans qu'il
paraisse lui en coûter assez Les sentiments chrétiens sont
exprimés dans Polyeucte avec chaleur et dignité ; peut-être cependant y pourrait-on remarquer une foi ferme et cons- tante plutôt qu'un véritable enthousiasme religieux. Les miracles de la grâce y sont posés en fait, mais non pas manifestés sou? un jour à la fois frappant et mystérieux'. •>> Ce reproche de froideur adressé à Polyeucte paraîtra plus surprenant encore après les reproches de Lessing, qui fait de Polyeucte un gascon, presque un matamore.
Obscurci un moment par les préjugés philosophiques, Polyeucte a été, de notre temps, mieux compris et mieux jugé, parce qu'on n'y a voulu voir qu'une tragédie chrétienne, et que la critique, sans embrasser aveuglément le fanatisme des martyrs, n'a pas chicané au poète les privilèges dont il avait besoin. Même pendant la crise révolutionnaire, Polyeucte fut représenté, quoi qu'en ait dit M. Hallays-Dabot, qui, censeui' lui-même, a écrit l'apologie bien plutôt que l'histoire de la censure dramatique. Nous voyons, en eli'et, le 13 floréal an II, la représentation de Polyeucte ajournée à cause de l'indis- position de l'acteur Vanhove, qui avait un grand succès dans ■le rôle de Félix, et qui mourut peu après. L'enthousiasme qu'inspirait encore le chef-d'œuvre cornélien se manifesta vers cette époque d'une façon assez étrange : un certain M. Louis Delisle, ancien conseiller au parlement de Provence, aidé d'un certain M. Audibert, de Marseille, se crut le droit de «reloucher pour le théâtre » six tragédies de Corneille^, dont était Polyeucte: les deux malfaiteurs trouvèrent un complice à Paris, où Corneille, revu et corrigé par Delisle et Audibert, fut édité une fois de plus, en l'an X de la République (1802). On a une autre révision du texte de Corneille par ïronchin ^, et une autre, hélas! du spirituel Andrieux, qui écrit ingénument:. « Mon amour pour l'art du théâtre, ma religieuse vénération pour le grand Corneille, rn'ont déterminé à risquer de faire quelques changements dans cette tragédie ; ils ne consistent qu'en des mots substitués à d'autres, en des vers rendus plus
��1. Cours de littérature dramatique.
2. Ce sont Polyeucte, Sertorius, Nicomcde, Pompée, Rodoqune, Horace, réduit a. deux actes. Il est vrai qu'en 1785, Fermin del Rey avait écrit à Barce- lone un Polyeucte réduit à trois actes, en chanseant l» lieu de la scène, les noms des personnages et en lui donnant ce titre pompeux .■ La mnyor gloriu de un héroe es ser constante en la fé, à et Héroe verJadero, comedia heroica Le manuscrit, qui n'a jamais été imprimé, esta la Bibliothèque de Madrid.
1. Aéeréations dramatiques, t. II
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