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au moment où écrit le contemporain ; mais il est probabkr que Corneille en avait au moins conçu le plan.

Et pourtant, ce n’est qu’au début de 1640 * qu'Horace fut représenté, probablement à l’Hôtel de Bourgogne. Dans une lettre du 9 mars 1640, Chapelain écrit à Balzac : « Pour le combat des Horaces, ce ne sera pas sitôt que vous le verrez, pour ce qu’il n’a encore été représenté qu’une fois devant son Eminence. et que, devant que d’être publié, il faut qu’il serve six mois de gagne-pain aux comédiens. » D’od vient ce long retard ? Une autre lettre du même Chapelain à Balzac, mais qui nous reporle à la date du Ib janvier 1639, nous indiquera» l’une des causes, penl-êlre la cause principale, de ce silence" prolongé : «> Corneille est ici depuis trois jours, et d’abord m’est venu faire un ociairri<sement sur le livre de l’Académie pour ou plalùl coulrc le Cid, m’accusanl, et non sans raison, d’en ôlre le principal auteur. Il ne fait plus rien, et Scudéry a du moins ga^né cela, en le querellant, qu il l’a rebuté du métier et lui a tari sa veine. Je l’ai, autant que j ai pu, récbauiré et encouracé à se venger, et de Scudery et de sa protectrice, en faisant quelque nouveau Cid qui attire encore les sull"ra-os de tout le monde, et qui montre que 1 art n est pas ce qui lait la beauté; mais il n’y a pas moyen de ly résoudre, et il ne parle plus que de règles et que des choses qu’il eût pu répondre aux académiciens, s il n eût point craint de choquer les puissances, menant, au resle, Aristote enlre lesauteurs apocryphes lori*uil ue s’accommode pas a ses

imaginations. » ,.,,,., j

Celte lettre est précieuse à plus d un égard : d abord parce qu’elle nous montre, trois ans après le Cid, Corneille encore découi-agé des attaques envieuses qu’il a eu à subir; ensuite, parce qu’elle nous apprend à quel point le préoccupent ces fameuses règles dont s’autorisent ses adversaires; a quel point, tout en gardant son indépendance vis-à-vis d’Aiislote, il a a cœur de se justifier des reproches dont le poursuivent les aristotéliciens à outrance. Ce découragement si prolonge nous explique l’apparition tardive à’IIorace; celle préoccupation des règles nous avertit que le poèie fera, celle lois, ellorl pour s’y conformer. Seulement. Chapelain se trompe quand il croit cet abatleinenl irrémédiable; ce n’est qu’une crise d où le génie de Corneille sortira mûri et fortilié.

D’autres préoccupations, plus pénibles encore, nous tonl mieux comprendre cette lassitude morale d’un grand bomnia

1. Daas un livre, d’ailleurs consciencieux [ExplicalioA du théâtre classique], M. Horion donne à tort la date de 1039.