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1 ACTE IV, SCÈNE II li3

Quelle fureur, Cinna, m'accuse et te pardonne, IHIO

Toi, dont la trahison me force à retenir

Ce pouvoir souverain dont tu me veux punir,

Me traite en criminel, et fait seule mon crime,

Relève pour Tabaltre un trône illégitime,

Et, d'un zèle effronté couvrant son attentat, ^ Hôo

S'oppose, pour me perdre, au bonheur de l"État?

Donc jusqu'à l'oublier je pourrais me contraindre!

Tu vivrais en repos après m'avoir fait craindre ?

Non, non, je me trahis moi-même d'y penser :

Qui pardonne aisément invite à l'offenser; li60

Punissons l'assassin, proscrivons les complices.

Mais quoi! toujours du sang, et toujours des supplices! Ma cruauté se lasse, et ne peut s'arrêter; Je veux me faire craindre, et ne fais qu'irriter. Rome a pour ma ruine une hydre trop fertile : H6o

Une tête coupée en fait renaître mille. Et le sang répandu de mille conjurés Rend mes jours plus maudits, et non plus assurés. Octave, n'attends plus le coup d'un nouveau Brute: Meurs, et dérobe-lui la gloire de ta chute; H70

Meurs, tu ferais pour vivre un lâche et vain effort. Si tant de gens de cœur font des vœux pour ta mort, Et si tout ce que Rome a d'illustre jeunesse

même. Au besoin signifie donc : quand le besoin se fait sentir, dans le danger : Qu'est le feu de ton zèle au besoiti devenu ? (Malherbe, I, ir.) Ma constance au besoin me fournit un remède. (Uotrou, Diane, IV, 9.) Ainsi donc, au besoin, ton coniage s'abat! {Ciel, 1*79.) Dien fait part, au besoiti, de sa force infinie. {Pclyeucte, 677.) 1151. Retenir, garder, sens du latin retinere ; voyez le v. 026. 1157. Voltaire a critiqué fct emploi de rionc, au début du vers. On en trouve pourtant beaucoup d'exemples chez Corneille, surtout dans ses premières comé- dies, et M. Marty-Laveaux fait observer que l'usage le justiCe; un poème de Ron- sard {le Tombeau de Charles IX) et trois pièces de Malherbe débutent ainsi. Les tragiques contemporains de Corneille font aussi un fréquent usage de ce tour énergique, si familier à nos poètes :

Donc, sans vouloir vous perdre en la perte des antres,

  • Vivez, si vous pouvez, pour vous et pour les vôtres.

(Mairet. Cléopâtre, Y, i.) H58. « Quid ergo ? ego percussorem meum securum ambulare patiar, me sol- iîcito? » (Sénèque!)

1160. Qui souffre un attentat s'expose et l'autorise. (Uotrou, Délisaire, I, h.)

Etre trop indulgent laisse aussi trop oser. (Id.. Antiijone, IV, v.) 1162. « Quis finis erit suppliciorum ? quis sanguinis? >> (Sénèque.)

1168. « *H oùx ôpâç 0(701 -/at Ijaqi xai x-fj àp"/"?! 'OfAwv ÈTtiTfôsvrai ' Kal aù-où; o-jôà at Tt[i.wpai twv Stxaioyjiévwv àvaffTéA).o'j(rtv , àXXà xoi uàv ToùvavTÎov, wGTïep ETt'ayaOôv ti iTtEiyôjAîvot, (TiteûSoum xat ol "KoKTzdi TtpoaaTtôXXucB» (Dion Cassius, LV.j

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