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1!0 HORACE

Que pour les abîmer dans plus d'obscurité.

Tu charmais trop ma peine, et le ciel, qui s'en fâche,

Me vend déjà bien cher ce moment de relâche.

Je sens mon triste cœur percé de tous les coups

Qui m'ôtent maintenant un frère ou mon époux. 7S0

(Juand je songe à leur mort, quoi que je me propose,

Je songe par quels bras, et non pour quelle cause,

Et ne vois les vainqueurs en leur illustre rang

Que pour considérer aux dépens de quel sang.

La maison des vaincus touche seule mon âme; 755

En l'une je suis fille, en l'autre je euis femme,

Et tiens à toutes deux par de si forts liens

Qu'on ne peut triompher que par la mort des miens.

C'est là donc cette paix que j'ai tant souhaitée!

Trop favorables dieux, vous m'avez écoutée! 760

Quels foudres lancez-vous quand vous vous irritez,

Si même vos faveurs ont tant de cruautés?

Et de quelle façon punissez-vous l'offense.

Si vous traitez ainsi les vœux de l'innocence?

SCÈNE II. SABINE, JULIE.

SABINE.

En est-ce fait, Julie? et que m'apportez-vous? 763

746. Abîmer, plonger; le sens étymologique de précipiter dans l'abîme s'est beaucoup affaibli.

747. Sur le sens, alors plus énergique, de se fâcher, voyez le vers 616.

748. Relâche, répit, intervalle dans un état douloureux :

SonUreunpea de relâche à. mes esprits tronblés. (Po/i/cucte, II, 3)

751. Proposer a ici un sens tout latin : pro ponere, placer devant les yeux, au Gguré.

752. Voyez le vers 726, que celui-ci reprend en le retournant.

753. Sur rang, voyez la note du vers 730.

758. Voyez le vers 734 et la note. Dans toute la première partie du xvii» siècle, ces refrains étaient à la mode ; Corneille en use ici, comme dans le Cid (I, 6; m, 4), mais avec discrétion. Son ami Rotrou en abuse parfois; c'est ainsi que chaque acte de sa Belle Alphrèdc se termine par le même vers, volontaire- tnent répété. Dès Horace, on voit Coi'iieille, pris de scrupule, supprimer un de ces refrains tout artificiels , et la dernière scène de l'acte V, retranchée de la plupart des éditions modernes.

761. Foudres. « Ce mot est l'un de ces noms substantifs que l'on fait masculins on féminins, comme on veut. On dit donc également le foudre et la foudre, Quoique la langue française ait une particulière inclination au genre féminin. » (Vaugelas, Remarque.) Corneille et les tragiques contemporains se.nblent avoir lu une inclination contraire.

764. « Ces quatre derniers vers semblent dignes de la tragédie, mais ce mono- bgue De semble qu'une amplification. » (Voltaire.)

70S. « Autant la première scène a refroidi les esprits, autant cettt sscond*

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