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dans la Galerie, survient fort à propos pour séparer Dorimant et Lysandre.

Seulement, une remarque curieuse doit être faite ici. Dans la tragédie, un duelliste pourra être glorifié, un duel pourra devenir le ressort essentiel de l'action; dans la comédie, le duelliste ne saurait être pris au sérieux sans cesser d'être comique, et, par suite, le duel ne peut être qu'un ressort très secondaire, un simple épisode de l'action, dout il est séparable. 11 y a plus : ce n'est pas par le côté héroïque, c'est par le côté pratique et positif que le duel est envisagé dans les comédies de Corneille. Lisez ce dialogue entre Tircis et Philandre :

��Quoi! tu crains le (iiiel? — Non, mais j'en crains la suite. Où la mort du vaincu met le vainqueur en fuite. Et du plus beau succès le danp-ereux éclat Nous fait perdre l'objet et le prix du combat'.

��Aussi terre à terre est la philosophie de Théante, qui, cinq ans après Philandre, dira, en des termes presque identiques :

Le duel est fâcheux, et, quoi qu'il en arrive, Ue sa possession^ l'un et l'autre il nous prive, Puisque de deux rivaux, l'un mort, l'autre s'enfuit, Tandis que do sa peine un troisième a le fruit 3.

Voilà un point de vue médiocrement élevé, maisqui n'était pas fait pour déplaire à Richelieu. 11 faut bien que l'esprit du poète- avocat de Normandie en ait été vivement trappe, car il y revient sans cesse, et y insiste, prenant soin même de renvoyer à ce qu'il a déjà dit dans une pièce précédente. A Cléandre, qui lui parle de provoquer Doraste, Aiidor répond :

La suite des duels ne fut jamais plaisante : C'était, ces jours passés, ce que disait Théante *

1. Mélite, III, 2.

2. 11 s'agit de la possession de Daphnis.

3. Suioante, II, 9. Théante dit ailleurs :

La valeur aux duels fait moins que la fortune (IV, 6j.

4. Phicp Royale, 111. 4.

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