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ETUDE D'ENSEMBLE lxi

eQ litière a humilié l'honuète homme à pied. Est-ce une raison pour s'écrier, avec un poète • :

Le siècle de Louis, le siècle des beaux-arts, N'accorda qu'à regret, vaini-u par la prière, Du pain au grand Corneille, une tombe à Molière?

Corneille n'a jamais manqué de « pain » à proprement parler; il n'a jamais connu la misère, mais il a connu la gêne, surtout dans ces dernières années, où, se place la douloureuse requête à Colberl : « Monseigneur, dans le malheur qui m'accable, depuis quatre ans, de n'avoir plus de part aux gratifications dont Sa Majesté honore les gens de le'itres, je ne puis avoir un plus juste et plus favorable recours qu'à vous, Monseigneur, à qui je suis entièrement redevable de celle que j'y avais. » Celui qui se fait si humble devant le ministre tout-puissant, jadis se faisait, dit-on, traîner presque de force à l'hôtel Colbert, pour remercier d'une pension accordée depuis un an déjà. La lettre à Colbert est de 1678; depuis 1674, par conséquent, Corneille ne touchait plus la pension royale. Il ne semble pas que Colbert l'ait rétabli dans ses droits, car, selon une tradition accréditée, l'année même où mourut Corneille, Boileau courut chez le roi pour offrir le sacrifice de sa propre pension et supplier qu'on rétablît celle de Corneille ~. Il n'obtint qu'un secours de deux cents louis, et qui arriva bien tard. Corneille expira dans la nuit du 30 septembre au l" octobre 1684. Le journal de Dangeau, si riche en détails complaisants, lorsqu'il s'agit de la santé de Sa Majesté, annonce en ces termes laconiques un événement de si mince importance à ses yeux : « Hier, on apprit à Chambord la mort du bonhomme Corneille. »

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��C'est Thomas Corneille qui prit la place de son frère à l'Aca- démie, et c'est Racine qui l'y reçut. La justice était facile désor-

1. C.isimir Delavigne.

2. Louis Racine, Mnmnirfs sur la vie Je Jean Ilacine.

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