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ACTE V, SCENE II 281

SCÈNE IL

L'INFANTE.

Técouterai-je encor, respecl de ma naissance, 1565

Qui fais un crime de mes feux? T'écouterai-je, amour, dont la douce puissance Contre ce fier tyran fait révolter mes vœux?

Pauvre princesse, auquel des deux

Dois-tu prêter obéissance? 1570

Rodrigue, ta valeur te rend digne de moi ; Mais pour être vaillant, tu n'ei pas fils de roi.

Impitoyable sort, dont la rigueur sépare Ma gloire d'avec mes désirs !

Maintenant qne mon bras, en;;a;é sons Ton (oU,

Doit souli-nii mon nom et le vôtre h la fois.

J'irai rendre faineax, par l'eolat île la guene,

Des peuples inconnus aa reste de la terre,

Et vous faire dresser des autels en des lieux

Où leurs sauvages main? en refusent aux dieux. [Alcxandrt, III. 8.)

Denx ans plus tard, le disciple ingénieux, qui s'est souvenu d'un beau mouve- ment du maître, et qui l'imite avec plus d'esprit que de sentiment, mettra Pyr- rhus de pair avec Rodrigue et l'imitateur au rang de l'original, dans cet admi- rable pastage :

Madame, dites-moi senlement que j'espère,

Je vous rends votre Qls, et je lai sers de père;

Je rinstrnirai moi-même à venger les Troyens ;

J'irai punir les Grecs de vos maux et des miens.

Anime d'un regard, je puis tout entreprendre :

Votre Ilion eneor peut sortir de sa cendre ;

Je pais, en moins de temps qae les Grecs ne Font pris.

Dans ses murs relevés eoaronner votre SU. (Andromaque, I. 4.)

C'ett ainsi que le même enthousiasme de valeur et d'espérance convient à des litnations si difTérentes. Rodrigue, certain d'être aimé, fait éclater des transports de joie. Pyrrhus, qui doute autant qu'il espère, s'exagère son devoir pour pirsuader Andromaque. Rodrigue a la foi qui souleTe les montagnes; il suffit à Pyrrlius de ne pas désespérer, pour oser tout ce qu'entreprendrait Rodrigue. » {Histoire de la littérature française, III.)

1565. Le malheur de l'infante veut qu'elle intervienne au moment précis où l'émotion est la plus vive. Quelque opinion qu'on ait au sujet de l'utilité de son rôle, il est certain que ces stances, longue et médiocre élégie, font languir l'action. Elles n'ont point l'intérêt dramatique des stances de Rodrigue hésitant entre sa passion et son devoir. Mais quoi I il faut laisser à Rodrigue le temps de vaincre et de désarmer don Sancbe. Cette scène et la suivante sont donc des •cènes de remplissage.

1568. Var. Contre ce Ber tyran fait rebeller mes vœux. (1G37-60.)

Ici, Corneille a corrigé rebeller qui commençait à vieillir; au vers 1661, il a

naintenu se rebelle. 1572. Pour être vaillant, parée que tu aa. bien que tu sois vaillant ; voyes an

ver* 157 une tournure analogae.

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