252 LE CID
Contre ma passion soutenez bien ma gloire,
Et lorsque mon amour prendra trop de pouvoir,
Parlez à mon esprit de mon triste devoir; H4C
Attaquez sans rien craindre une main triomphante.
ELVIRE.
Modérez ces transports, voici venir l'Infante. SCÈNE II.
L'INFANTE, CHIMÈNE, LÈONOR, ELVIRE.
��Je ne viens pas ici consoler tes douleurs ;
Je viens plutôt mêler mes soupirs à tes pleurs.
CHIMÈNE.
Prenez bien plutôt part à la commune joie, H45
Et goûtez le bonheur que le ciel vous envoie.
Madame : autre que moi n'a droit de soupirer.
Le péril dont Rodrigue a su nous retirer,
Et le salut public que vous rendent ses armes,
A moi seule aujourd'hui souffrent encor les larmes. H50
Il a sauvé la ville, il a servi son roi.
Et son bras valeureux n'est funeste qu'à moi.
1139. Var. Et lonqne mon amoar prendra plus de poavoir. (1637 in-lS et Ulo-4*.)
Elle se défie d'elle-même et rappelle à elle toutes ses forces.
1143 On attendait Rodrigue, on n'a que l'infante ; mais l'infante n'apparaît que pour permettre à Rodrigue vainqueur de revenir. Srène inutile et insipide, remarque Voltaire, car Chimène y répète avec faiblesse ce qu'elle vient de dire avec force à sa confidente. — Consoler tes douleurs ; on dirait plutôt aujourd'hui, te consoler dans ta douleur ; mais Corneille aime ces npms et surtout ces plu- riels abstraits.
1144. Ne vient-elle vraiment que pour cela? En cette scène, toutes deux joue- ront un rôle, l'infante affectant une joie désintéressée, Chimène affectant une tristesse qu'elle a peine à soutenir.
1145. Comme beaucoup d'autres adjectifs, commun est souvent placé chei Cor- neille avant son substantif :
Voas marcberez ven Rome à communes enseignes. (,Sertoriut, 34B.)
ti47. Autre que moi, nul autre que moi.
Autre n'a mienx que toi soBteoD cette gnene.
Autre de plus de morts n'a couvert notre terre. {Horace, 847.)
Comme autre qn'an Romain n'a pa l'assujettir,
Autre aussi qu'an Romain ne l'en doit garantir. {Pompée, 1411.)
(448 Var. Le péril dont Rodrlgae a su vons retirer. (1637-S6.)
1150. Var. a moi «enle aajoard'tani permet encor les larmes. (i637-M.)
On voit que Corneille, ici comme en plusieurs autres eodroiti, «rait d'abord fait accorder le verbe arec le dernier sujet seulement.
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