ACTE m, SCÈNE IV 233
Ce n'est pas qu'en effet contre mon père et moi
Ma flamme assez longtemps n'ait combattu pour toi; 880
Juge de son pouvoir : dans une telle offense
J'ai pu délibérer si j'en prendrais vengeance.
Réduit à le déplaire, ou soutîrir un affront,
J'ai pensé qu'à mon tour mon bras était trop prompt;
Je me suis accusé de trop de violence; 885
Et ta beauté sans doute emportait la balance,
A moins que d'opposer à tes plus forts appas
Qu'un homme sans honneur ne te méritait pas;
Que malgré cette part que j'avais en ton âme,
Qui m'aima généreux me haïrait infâme ; 890
Qu'écouter ton amour, obéir à sa voix,
C'était m'en rendre indigne, et diffamer ton choix.
Je te le dis encore ; et quoique j'en soupire,
devoir, et qui est prit à le faire encore, Poiyeucte, conduit au martyre, la repro- duira teituellement :
J'ai profané lenr temple et brieè lears autels ;
Je le ferait encor si j avait d le faire. {Polyeucte, 1671.)
882. Var. J'ai po douter encor si j'en prendrais vengeance. (1637-60.)
Au vers 950, Corneille dira prendre la vengeance; ici, l'article est omis. Cette suppression de l'article est fréquente dans son théâtre :
N'est-ce point du remords d'avoir dit vérité ? (Jfenteur, 160(.)
883. A te déplaire ou souffrir; remarquez l'omission de à devant le second régime.
884. Var. J'ai retenu ma main, J'ai cru mon bras trop prompt. (1637-56.) 887. Var. Si Je n'easse opposé contre tous tes appas. (1637-56.)
A moins que d'opposer... que..., tour elliptique, pour : si je n'avais opposé au souvenir de ta beauté cette pensée qae... Vaugelas approuve cette tournure, alors très usitée.
Sa défaite est fàcbeaie d moins que (fétre prompte. {Menteur, 438.)
889. Var. Qn'après m'avoir chéri quand je vivais sans blâme. (1637-56.)
891. Ton amour, l'amour que j'ai pour toi.
892. Diffamer, déshonorer; en général, ce verbe a pour régime un nom d« personne :
Ce long amas d'aienx que vous diffamez tous
Sont autant de témoins qui parlent contre vous. (Boileao, Satire V.)
Mais parfois aussi, au ivi" et au xvii* siècle, le régime est un nom de chose • ■ Aristide, par sa pauvreté, a diffamé et rendu odieuse la justice. » (Arayot.)
Emprunter le secours d'aucun pouvoir humain
D an re;}roche éternel diffamerait ma main. (Médée, IV, 6.)
893. Var. Je te le dis encore, et veux, tant que j'expire.
Sans cesse le penser el sans cesse le dire. (1C37-56.)
Tant que pour jusqu'à ce que avait été blâmé par l'Académie et Corneille •eceptala condamnation, ce qui ne l'empêcha pas, d'ailleurs, d'employer la mém* tournure au vers 994. < Une remarque piquante à faire, c'est que l'Académie, dans
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