Je ne consulte point pour suivre mon devoir
Je cours sans balancer où mon honneur m’oblige.
Rodrigue m’est bien cher, son intérêt m’afflige;
Mon cœur prend son parti ; mais malgré son effort,
Je sais ce que je suis, et que mon père est morh.
ELVIRE.
Pensez-vous le poursuivre ?
CHIMÈNE.
Ah ! cruelle pensée !
Et cruelle poursuite où je me vois forcée!
le demande sa tête et crains de l’obtenir :
Ma mort suivra la sienne, et je le veux punir.
ELVIRE.
Quittez, quittez, Madame, un dessein si tragique ;
Ne vous imposez point de loi si tyrannique.
CHIMÈNE.
Quoi ! mon père étant mort, et presque entre mes bras.
Son sang criera vengeance, et je ne l’orrai pas !
820. Je ne consulte point, je ne délibère pas pour..., je n’hésite pai à... Curiars et Ciéopàtre disent à peu près de même à Horace et à Ptolémée :
Je n’ai point consulté pour suivre mon devoir. {Horace, 462.) Consultez Afee lui quel est votre devoir. [Pompée, 644.)
822. « Ce mot intérêt, dit l’Académie, étant commun au bien et au mal, ne •’accorde pas justement avec afflige, qui n’est que pour le mal. Il fallait dire : son intérêt me touche; ou : sa peine m’afflige ». Intérêt a ici un sens un peu différent, et Chimène veut dire : ce qui m’afflige, c’est la part que Rodrigue prend à cette funeste affaire, le rôle qu’il y joue, la façon dont son intérêt y •st engagé. Racine fait bien dire à Ândromaque, qui défend son fils :
Est-ce mon intérêt qui le rend criminel? {Andromaque, 276.)
823 Var. Mon cœnr prend son parti, mais contre lear effort
Je sais qoe je sais fille et qne mon père est mort. (1637-66.)
Var. Mon coeur prend son parti, mais malgré leur effort... (1660.)
829. Tragique, pour funeste.
Rapport vraiment funeste et sort vraiment tragique! {RoJofune, 1661.
831. Var. Quoi I j’aurai m mourir mon pèreentre mes bru. (i637-S6.)
« Elle avait dit auparavant qu’il était mort quand elle arriva sur le lUn. » (Académie.) Est-ce pour cela que Corneille modifia son vers, et par l’introduO’ tion du mot presque donna satisfaction à l’Académie?
83S. Mon amour, et la haine, et la cause commaot
Crieront d la vengeance. [Attila, &»».)
�� �