Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

SUR LES G0.MED1ES lxxxvi!

et ce qu'il faut cacher i »; encore portera t-e! le de la subtilité jusqu'en son indignation et méritera-t-elle qu'on lui dise :

Vous êtes en colère, et vous fai'es des pointas*!

Combien plus avisée est son amie, l'insouciante Pliylis, qui, loin de prendre tout au sérieux, rit de tout à belles dents ! Toujours avenante, toujours gaie, même quand on la rudoie ou quand on la quitte, prenant son parti des ruptures, avec philo- sophie, sans sécheresse de cœur, — car elle se dévoue aux in- térêts de son frère, — mais sans illusions, presque sceptique et blasée, indépendante surtout, incapable de « contraindre son humeur », elle accueille du même air tous les prétendants, parce qu'elle ne vent dépendre d'aucun :

Tout le monde me plaît, et rien ne m'importune^.

N'avoir point de maître, voilà son premier principe de con- duite; tâcher d'avoir un mari, voilà le second. Elle en trouve un qui l'enlève, croyant enlever une autre. Qu'importe? C'est un mari. Elle est donc satisfaite. Se la croyez i)i heureuse, ni cha- grine; elle sait qu'on dispose des filles sans leur avis *, mais elle s'arrange de façon à ce que l'avis de ses parents soit le sien» Il y a beaucoup de Phylis dans les comédies de Corneille; mais il n'y a qu'une Angélique. CorneiLle lui-même a dit : « Le carac- tère d'Angélique sort de la bienséance en ce qu'elle est trop amoureuse et se résout trop tôt à se faire enlever par un homme qui lui doit être suspect^. » Mais Corneille est trop prompt à s'accuser : Angélique n'a qu'un défaut, celui d'être sincère et de croire à la sincérité des aatres; en tout cas, si on la condamne, il faut condamner Clarice, cette jeune veuve si aisément conso- lable, qui a le malheur d'être riche et le bonheur de pouvoir se dooner, fort délicate sur l'honneur, mais assez hardie pour pro-

��1. La Place Royale, II, 1. t. La Place Royale, II, 2.

3. La Place Royale, 1, L.

4. Ibidem.

5. Examen de la Place RoyaÀ -

�� �