Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/77

Cette page n’a pas encore été corrigée

j'en veux attendre,
Attachez-vous au trône, et faites-vous son gendre :
Je vous donne Justine.

'LÉON' — À moi, madame !

'PULCHÉRIE' — À vous,
Que je m'étais promis moi-même pour époux.

'LÉON' — Ce n'est donc pas assez de vous avoir perdue,
De voir en d'autres mains la main qui m'était due,
Il faut aimer ailleurs !

'PULCHÉRIE' — Il faut être empereur,
Et le sceptre à la main, justifier mon cœur ;
Montrer à l'univers, dans le héros que j'aime,
Tout ce qui rend un front digne du diadème ;
Vous mettre, à mon exemple, au-dessus de l'amour,
Et par mon ordre enfin régner à votre tour.
Justine a du mérite, elle est jeune, elle est belle :
Tous vos rivaux pour moi le vont être pour elle ;
Et l'empire pour dot est un trait si charmant,
Que je ne vous en puis répondre qu'un moment.

'LÉON' — Oui, madame, après vous elle est incomparable :
Elle est de votre cour la plus considérable ;
Elle a des qualités à se faire adorer,
Mais, hélas ! Jusqu'à vous j'avais droit d'aspirer.
Voulez-vous qu'à vos yeux je trompe un tel mérite,
Que sans amour pour elle à m'aimer je l'invite,
Qu'en vous laissant mon cœur je demande le sien,
Et lui promette tout pour ne lui donner rien ?

'PULCHÉRIE' — Et ne savez-vous pas qu'il est des hyménées
Que font sans nous au ciel les belles destinées ?
Quand il veut que l'effet en éclate ici-