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d'un sang, madame, à me rendre assez vaine
Pour attendre un époux d'une main souveraine ;
Et n'ayant point d'amour que pour ma liberté,
S'il la faut immoler à votre sûreté,
J'oserai... Mais voici ce cher Léon, madame ;
Voulez-vous...

'PULCHÉRIE' — Laisse-moi consulter mieux mon âme ;
Je ne sais pas encor trop bien ce que je veux :
Attends un nouvel ordre, et suspends tous tes vœux.


Scène 3


Pulchérie, Léon, Justine.


'PULCHÉRIE' — Seigneur, qui vous ramène ? Est-ce l'impatience
D'ajouter à mes maux ceux de votre présence,
De livrer tout mon cœur à de nouveaux combats ;
Et souffrai-je trop peu quand je ne vous vois pas ?

'LÉON' — Je viens savoir mon sort.

'PULCHÉRIE' — N'en soyez point en doute ;
Je vous aime et nous plains : c'est là me peindre toute,
C'est tout ce que je sens ; et si votre amitié
Sentait pour mes malheurs quelque trait de pitié,
Elle m'épargnerait cette fatale vue,
Qui me perd, m'assassine, et vous-même vous tue.

'LÉON' — Vous m'aimez, dites-vous ?

'PULCHÉRIE'