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C'est un homme à tout perdre, à moins qu'on le prévienne.
Mais Léon vient déjà nous vanter son bonheur :
Arme-toi de constance, et prépare un grand cœur ;
Et quelque émotion qui trouble ton courage,
Contre tout son désordre affermis ton visage.



Scène 4

Léon, Martian, Justine.


'LÉON' — L'auriez-vous cru jamais, seigneur ? Je suis perdu.

'MARTIAN' — Seigneur, que dites-vous ? Ai-je bien entendu ?

'LÉON' — Je le suis sans ressource, et rien plus ne me flatte.
J'ai revu Pulchérie, et n'ai vu qu'une ingrate :
Quand je crois l'acquérir, c'est lors que je la perds ;
Et me détruis moi-même alors que je la sers.

'MARTIAN' — Expliquez-vous, seigneur, parlez en confiance ;
Fait-elle un autre choix ?

'LÉON' — Non, mais elle balance :
Elle ne me veut pas encor désespérer,
Mais elle prend du temps pour en délibérer.
Son choix n'est plus pour moi, puisqu'elle le diffère :
L'amour n'est point le maître alors qu'on délibère ;
Et je ne saurais plus me promettre sa foi,
Moi qui n'ai que l'amour qui lui parle pour moi.
Ah ! Madame...

'JUSTINE' — Seigneur...

'LÉON' — Auriez-vous pu le croire ?

'JUSTINE' — L'amour qui délibère est sûr de sa victoire,
Et quand d'un vrai mérite il s'est fait un appui,
Il n'est point de raisons qui ne parlent pour lui.
Souvent il