Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vous pouvez l'avertir de ce que vous croyez,
Lui dire de ce choix ce que vous prévoyez,
Lui proposer sans fard celui qu'elle doit faire.
La vérité lui plaît, et vous pourrez lui plaire.
Je changerai comme elle alors de sentiments,
Et tiens mon âme prête à ses commandements.

'ASPAR' — Parmi les vérités il en est de certaines
Qu'on ne dit point en face aux têtes souveraines,
Et qui veulent de nous un tour, un ascendant
Qu'aucun ne peut trouver qu'un ministre prudent :
Vous ferez mieux valoir ces marques d'un vrai zèle.
M'en ouvrant avec vous, je m'acquitte envers elle ;
Et n'ayant rien de plus qui m'amène en ce lieu,
Je vous en laisse maître, et me retire. Adieu.


Scène 3

Martian, Justine.


'MARTIAN' — Le dangereux esprit ! Et qu'avec peu de peine
Il manquerait d'amour et de foi pour Irène !
Des rivaux de Léon il est le plus jaloux,
Et roule des projets qu'il ne dit pas à tous.

'JUSTINE' — Il n'a pour but, seigneur, que le bien de l'empire.
Détrônez la princesse, et faites-vous élire :
C'est un amant pour moi que je n'attendais pas,
Qui vous soulagera du poids de tant d'états.

'MARTIAN' — C'est un homme, et je veux qu'un jour il t'en souvienne,