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tourné ;
Cependant avec elle il a bien gouverné.

'ASPAR' — Cependant nous voyons six généraux d'armée
Dont au commandement l'âme est accoutumée :
Voudront-ils recevoir un ordre souverain
De qui l'a jusqu'ici toujours pris de leur main ?
Seigneur, il est bien dur de se voir sous un maître
Dont on le fut toujours, et dont on devrait l'être.

'MARTIAN' — Et qui m'assurera que ces six généraux
Se réuniront mieux sous un de leurs égaux ?
Plus un pareil mérite aux grandeurs nous appelle,
Et plus la jalousie aux grands est naturelle.

'ASPAR' — Je les tiens réunis, seigneur, si vous voulez.
Il est, il est encor des noms plus signalés :
J'en sais qui leur plairaient ; et s'il vous faut plus dire,
Avouez-en mon zèle, et je vous fais élire.

'MARTIAN' — Moi, seigneur, dans un âge où la tombe m'attend !
Un maître pour deux jours n'est pas ce qu'on prétend.
Je sais le poids d'un sceptre, et connais trop mes forces
Pour être encor sensible à ces vaines amorces.
Les ans, qui m'ont usé l'esprit comme le corps,
Abattraient tous les deux sous les moindres efforts ;
Et ma mort, que par là vous verriez avancée,
Rendrait à tant d'égaux leur première pensée,
Et ferait une triste et prompte occasion
De rejeter l'état dans la division.

'ASPAR' — Pour éviter les maux qu'on en pourrait attendre,
Vous pourriez partager vos soins avec un gendre,
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