Elle est un don du ciel, et non de la raison ;
Et c’est là que bientôt, voyant Dieu face à face,
Plus aisément pour vous j’obtiendrai cette grâce.
Ta perte cependant va me désespérer.
Vous avez en vos mains de quoi la réparer ;
En vous ôtant un gendre, on vous en donne un autre
Dont la condition répond mieux à la vôtre ;
Ma perte n’est pour vous qu’un change avantageux.
Cesse de me tenir ce discours outrageux.
Je t’ai considéré plus que tu ne mérites ;
Mais, malgré ma bonté, qui croît plus tu l’irrites,
Cette insolence enfin te rendroit odieux,
Et je me vengerois aussi bien que nos dieux.
Quoi ! vous changez bientôt d’humeur et de langage !
Le zèle de vos dieux rentre en votre courage !
Celui d’être chrétien s’échappe ! et par hasard
Je vous viens d’obliger à me parler sans fard !
Va, ne présume pas que, quoi que je te jure,
De tes nouveaux docteurs je suive l’imposture.
Je flattois ta manie, afin de t’arracher
Du honteux précipice où tu vas trébucher ;
Je voulois gagner temps pour ménager ta vie
Après l’éloignement d’un flatteur de Décie :
Mais j’ai trop fait d’injure à nos dieux tout-puissans ;
Choisis de leur donner ton sang, ou de l’encens.
Mon choix n’est point douteux. Mais j’aperçois Pauline :
Ô ciel !
Scène III.
Qui de vous deux aujourd’hui m’assassine ?