Vous le saurez un jour : Je vous quitte à regret ;
Mais enfin il le faut.
Vous m’aimez ?
Le ciel m’en soit témoin, cent fois plus que moi-même ;
Mais…
Vous avez des secrets que je ne puis savoir !
Quelle preuve d’amour ! Au nom de l’hyménée
Donnez à mes soupirs cette seule journée.
Un songe vous fait peur !
Je le sais ; mais enfin je vous aime, et je crains.
Ne craignez rien de mal pour une heure d’absence.
Adieu : vos pleurs sur moi prennent trop de puissance ;
Je sens déjà mon cœur prêt à se révolter,
Et ce n’est qu’en fuyant que j’y puis résister.
Scène III.
Va, néglige mes pleurs, cours, et te précipite
Au-devant de la mort que les dieux m’ont prédite ;
Suis cet agent fatal de tes mauvais destins,
Qui peut-être te livre aux mains des assassins.
Tu vois, ma Stratonice, en quel siècle nous sommes :
Voilà notre pouvoir sur les esprits des hommes ;
Voilà ce qui nous reste, et l’ordinaire effet
De l’amour qu’on nous offre, et des vœux qu’on nous fait.
Tant qu’ils ne sont qu’amans nous sommes souveraines,
Et jusqu’à la conquête ils nous traitent de reines ;