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Et la ferai parler tantôt à mon retour
D’une façon mal propre à donner de l’amour ;
Mais après mon rapport, si son ardeur extrême
Le résout à porter son message lui-même,
Je ne réponds de rien. L’amour qu’ils ont tous deux
Vaincra notre artifice, et parlera pour eux.

Hippolyte.

Sa maîtresse éblouie ignore encor ma flamme,
Et laisse à mes conseils tout pouvoir sur son âme.
Ainsi tout est à nous, s’il ne faut qu’empêcher
Qu’un si fidèle amant n’en puisse rapprocher.

Aronte.

Qui pourrait toutefois en détourner Lysandre,
Ce serait le plus sûr.

Hippolyte.

Ce serait le plus sûr. N’oses-tu l’entreprendre ?

Aronte.

Donnez-moi les moyens de le rendre jaloux,
Et vous verrez après frapper d’étranges coups.

Hippolyte.

L’autre jour Dorimant toucha fort ma rivale,
Jusque-là qu’entre eux deux son âme était égale ;
Mais Lysandre depuis, endurant sa rigueur,
Lui montra tant d’amour qu’il regagna son cœur.

Aronte.

Donc à voir Célidée et Dorimant ensemble,
Quelque dieu qui vous aime aujourd’hui les assemble.

Hippolyte.

Fais-les voir à ton maître, et ne perds point ce temps,
Puisque de là dépend le bonheur que j’attends.