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Dorimant vaut beaucoup, je vous le dis sans fard ;
Mais remarquez un peu le trait de ce vieillard :
Lysandre si longtemps a brûlé pour sa fille,
Qu’il en faisait déjà l’appui de sa famille ;
À présent que ses feux ne sont plus que pour moi,
Il voudrait bien qu’un autre eût engagé ma foi,
Afin que sans espoir dans cette amour nouvelle,
Un nouveau changement le ramenât vers elle.
N’avez-vous point pris garde, en vous disant adieu,
Qu’il a presque arraché Lysandre de ce lieu ?

Chrysante.

Simple ! ce qu’il en fait, ce n’est qu’à sa prière.
Et Lysandre tient même à faveur singulière…

Hippolyte.

Je sais que Dorimant est un de ses amis ;
Mais vous voyez d’ailleurs que le ciel a permis
Que pour mieux vous montrer que tout n’est qu’artifice,
Lysandre me faisait ses offres de service.

Chrysante.

Aucun des deux n’est homme à se jouer de nous.
Quelque secret mystère est caché là-dessous.
Allons, pour en tirer la vérité plus claire,
Seules dedans ma chambre examiner l’affaire ;
Ici quelque importun pourrait nous aborder.