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Vous porte à me traiter avec cette injustice,
Vous de qui le serment m’a reçu pour époux ?

Célidée.

J’en perds le souvenir aussi bien que de vous.

Lysandre.

Évitez-en la honte et fuyez-en le blâme.

Célidée.

Je les veux accepter pour peines de ma flamme.

Lysandre.

Un reproche éternel suit ce tour inconstant.

Célidée.

Si vous me voulez plaire, il en faut faire autant.

Lysandre.

Est-ce là donc le prix de vous avoir servie ?
Ah ! cessez vos mépris, ou me privez de vie.

Célidée.

Eh bien ! soit, un adieu les va faire cesser :
Aussi bien ce discours ne fait que me lasser.

Lysandre.

Ah ! redouble plutôt ce dédain qui me tue,
Et laisse-moi le bien d’expirer à ta vue ;
Que j’adore tes yeux, tout cruels qu’ils me sont ;
Qu’ils reçoivent mes vœux pour le mal qu’ils me font.
Invente à me gêner quelque rigueur nouvelle ;
Traite, si tu le veux, mon âme en criminelle :
Dis que je suis ingrat, appelle-moi léger ;
Impute à mes amours la honte de changer ;
Dedans mon désespoir fais éclater ta joie ;
Et tout me sera doux, pourvu que je te voie.