Vous porte à me traiter avec cette injustice,
Vous de qui le serment m’a reçu pour époux ?
J’en perds le souvenir aussi bien que de vous.
Évitez-en la honte et fuyez-en le blâme.
Je les veux accepter pour peines de ma flamme.
Un reproche éternel suit ce tour inconstant.
Si vous me voulez plaire, il en faut faire autant.
Est-ce là donc le prix de vous avoir servie ?
Ah ! cessez vos mépris, ou me privez de vie.
Eh bien ! soit, un adieu les va faire cesser :
Aussi bien ce discours ne fait que me lasser.
Ah ! redouble plutôt ce dédain qui me tue,
Et laisse-moi le bien d’expirer à ta vue ;
Que j’adore tes yeux, tout cruels qu’ils me sont ;
Qu’ils reçoivent mes vœux pour le mal qu’ils me font.
Invente à me gêner quelque rigueur nouvelle ;
Traite, si tu le veux, mon âme en criminelle :
Dis que je suis ingrat, appelle-moi léger ;
Impute à mes amours la honte de changer ;
Dedans mon désespoir fais éclater ta joie ;
Et tout me sera doux, pourvu que je te voie.