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Térence, qui est venu depuis lui, a gardé ses prologues, et en a changé la matière. Il les a employés à faire son apologie contre ses envieux, et pour ouvrir son sujet, il a introduit une nouvelle sorte de personnages, qu’on a appelés protatiques, parce qu’ils ne paroissent que dans la protase, où se doit faire la proposition et l’ouverture du sujet ’. Ils en écoutoient l’histoire, qui leur étoit racontée par un autre acteur; et par ce récit qu’on leur en faisoit, l’auditeur demeuroit instruit de ce qu’il devoit savoir, touchant les intérêts des premiers acteurs, avant qu’ils parussent sur le théâtre ’\ Tels sont Sosie dans son Andrienne, et Davus dans son Phorinion, qu’on ne revoit plus après la narration^, et qui ne servent qu’à l’écouter. Cette méthode est fort artificieuse ; mais je voudrois pour sa perfection que ces mêmes personnages servissent encore à quelque autre chose dans la pièce, et qu’ils y fussent introduits par quelque autre occasion que celle d’écouter ce récit. Pollux dans Médée est de cette nature. Il passe par Corinthe en allant au mariage de sa sœur, et s’étonne d’y rencontrer Jason, qu’il croyoit en Thessalie ; il apprend de lui sa fortune, et son divorce avec Médée, pour épouser Creuse, qu’il aide ensuite à sauver des mains d’Egée, qui l’avoit fait enlever, et raisonne avec le Roi sur la défiance qu’il doit avoir des présents de Médée. Toutes les pièces n’ont pas besoin de ces éclaircissements, et par conséquent on se peut passer souvent de ces personnages, dont Térence ne s’est servi que ces deux fois dans les six comédies que nous avons de lui.

Notre siècle a inventé une autre espèce de prologue

1. Var. ((’(lil. de lOGo) : OTi s’en doit faire la proposition.

2. La fin de la phrase, depuis: « touchant les intérêts, » manque dans l’édition de 16G0.

3. Var. (édil. de iGGo) : après la narration écoutée.