de te voir tant de pente à vivre plus au large,
dans l’aise et les plaisirs d’une chair qui te charge,
cependant que ton cœur a tant de lâcheté
pour la ferveur du zèle et pour l’austérité ;
d’être si curieux d’entendre des nouvelles,
de voir des raretés surprenantes et belles,
et si lent à choisir de ces emplois abjets
que prend l’humilité pour ses plus doux objets.
Gémis de tant d’ardeur pour amasser et prendre,
et de tant de réserve à départir ou rendre,
qu’on a raison de croire et de te reprocher
que ce que tient ta main ne s’en peut détacher.
Pleure ton peu de soin à régler tes paroles,
ton silence rempli d’égarements frivoles,
le peu d’ordre en tes mœurs, le peu de jugement
que dans tes actions fait voir chaque moment.
Gémis d’avoir aimé les plaisirs de la table,
et fait la sourde oreille à ma voix adorable ;
d’avoir pris pour vrai bien la molle oisiveté,
d’avoir pris le travail pour infélicité ;
pour des contes en l’air eu vigilance entière,
long assoupissement pour la sainte prière,
hâte d’être à la fin, et l’esprit vagabond
Page:Corneille - Imitation de Jésus-Christ, édition 1862.djvu/658
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