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Mais souvent ce bel œil de l’intention pure
ne s’ouvre pas entier, ou se laisse éblouir,
et ce détachement dont tu penses jouir
ne ferme pas la porte à toute la nature.
Aussitôt qu’un objet te chatouille et te plaît,
un regard dérobé par le propre intérêt
te rappelle et t’amuse à voir ce qui te flatte ;
et tu peux rarement si bien t’en affranchir,
que de ce propre amour l’amorce délicate
vers toi, sans y penser, ne te fasse gauchir.

Crois-tu, lorsque les juifs couroient en Béthanie,
que ce fût seulement pour y voir Jésus-Christ ?
La curiosité partageoit leur esprit
pour y voir le Lazare et sa nouvelle vie.
Tâche donc que cet œil dignement épuré
tienne un regard si droit et si bien mesuré,
que d’une ou d’autre part jamais il ne s’égare,
qu’il soit simple, et surtout que parmi tant d’objets,
malgré tout ce qu’ils ont de charmant et de rare,
ton âme jusqu’à moi dresse tous ses projets.