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forme d’une étincelle un long embrasement.

Quelquefois, au milieu de ma persévérance,
lorsque je crois marcher avec quelque assurance,
et fournir ma carrière avec moins de danger,
quand j’y pense le moins, je trébuche par terre,
et lorsque je m’estime à l’abri du tonnerre,
je me trouve abattu par un souffle léger.

Reçois-en l’humble aveu, Seigneur, et considère
de ma fragilité l’impuissante misère,
qui me met à toute heure en état de périr.
Sans que je te la montre, elle t’est trop connue ;
elle est de tous côtés exposée à ta vue :
d’un regard de pitié daigne la secourir.

Tire-moi de la fange où ma chute m’engage ;
de ce bourbier épais arrache ton image,
que par mon propre poids je n’y reste enfoncé :
fais que je me relève aussitôt que je tombe ;
fais que, si l’on m’abat, jamais je ne succombe ;
fais que je ne sois point tout à fait terrassé.

Ce qui devant tes yeux rend mon âme confuse,
ce qui dans elle-même à tous moments l’accuse,
et me force à trembler sous un juste remords,
c’est de me voir si prompt à choir dans cette boue,